La 101ème édition du salon berlinois IFA a accueilli 1 900 exposants venant de 49 pays. Dans le domaine du gros électroménager, les grands groupes industriels européens historiques étaient bel et bien présents, à l’instar d'AEG/Electrolux, du groupe BSH, de Liebherr ou de Miele,  mais d’autres manquaient à l’appel. En se promenant dans les allées, on constatait surtout l’omniprésence des constructeurs chinois, très dynamiques à tous niveaux.

Les fabricants chinois montent en puissance

Non seulement les constructeurs chinois étaient nombreux sur le salon mais surtout, quand d’autres marques ont fait l’impasse sur cet événement, certaines entités ont opté pour des stands plus grands cette année. D’ailleurs, sur le parvis de l'entrée sud de Messe Berlin, il suffisait de voir les marques ayant investi en publicité sur le site pour être visibles : Haier, Midea et Dreame étaient immanquables, ce qui en dit long sur leurs ambitions. Et pour gagner en notoriété, ils n’hésitent pas à investir à plus grande échelle. Exemple : pendant le salon, Hisense a annoncé sponsoriser la Coupe du Monde de la Fifa quand en parallèle, le groupe Haier dévoilait entre autres son nouveau partenariat avec l’équipe de football du PSG.
Si on se concentre sur les fabricants chinois déjà actifs sur le marché du GEM, on remarque aussi le dynamisme de leur offre. En matière d’innovation, ils avancent rapidement, à grandes foulées, osant des produits atypiques, souvent bourrés de technologies. La montée en puissance de ces marques ne concerne pas seulement leur gain en visibilité ou la richesse de l'offre ; la volonté de monter en gamme est également évidente.

La diversification pour chercher des relais de croissance

Autre constat en visitant le salon : les groupes chinois œuvrant sur le marché de l’électroménager se diversifient, en chassant sur de nouvelles terres – quitte à nous surprendre là où on ne les attendait pas. Par exemple, Haier annonce se lancer sur le marché des téléviseurs (après en avoir déjà proposé il y a de nombreuses années) dès 2026. Mais la plus grosse surprise vient de chez Dreame, initialement constructeur d’aspirateurs robots, qui débarque dans l'univers du GEM avec une gamme complète de froid, de cuisson, de lavage – y compris de l’encastrable - mais aussi sur la TV et même le smart home. Roborock présentait également des lave-linge mais dont la commercialisation n’est pas prévue en France à ce jour. L’idée est de tenter leur chance sur de gros marchés, même s’ils sont déjà saturés, en espérant grignoter quelques parts de marché qui peuvent représenter un chiffre d’affaires non négligeable.
Les constructeurs asiatiques ne sont pas les seuls à souhaiter se diversifier. Miele, par exemple, se déploie sur le marché de la cuisson outdoor avec une gamme ultra premium et très complète, non seulement composée de planchas à gaz mais aussi de mobilier d’extérieur (avec ou sans électroménager) ou encore d’accessoires. Exemple aussi du groupe français Frio, qui enrichit ses gammes de caves à vin et réfrigérateurs avec des équipements vraiment originaux comme une cave à fromages et une cave à légumes (marque Avintage).

Les économies d'énergie mais seulement en toile de fond

Les économies d’énergie, qui faisaient partie des préoccupations majeures lors des dernières éditions du salon, sont certes toujours évoquées mais beaucoup moins mises en avant. Sur certains appareils de lavage, notamment les lave-linge, la plupart des fabricants ont atteint et même dépassé les meilleures classes, ce qui explique sans doute que ce soit peu mis en valeur. Les économies énergétiques sont un peu plus mises en exergue sur les lave-vaisselle et surtout sur les appareils de froid de grande capacité comme les multiportes et autres side-by-side. Par exemple, la technologie de froid hybride AI Hybrid Cooling de Samsung, qui vise les économies d’énergie, équipe pour l’instant un réfrigérateur french door. 

Froid : optimiser la conservation des aliments frais à tout prix

Les tendances qu’on avait pu constater les précédentes années perdurent dans le domaine du froid, où les appareils de grande capacité ont toujours la cote (multiportes, side-by-side, mais aussi combinés de grande largeur). De même, comme nous l’avons évoqué précédemment, sur ces appareils d’un volume généreux, les fabricants sont toujours en quête des meilleures classes énergétiques, qu’ils cherchent à atteindre grâce à l'IA et aux technologies d’isolation. Pour allier isolation performante et gain d’espace de stockage, certains travaillent sur l’optimisation des matériaux, éventuellement mis sous-vide pour affiner les parois. C’est par exemple le cas de Liebherr BluRox, utilisant de la roche volcanique sous-vide, mais aussi chez des marques plus accessibles comme TCL dont les modèles Mega Space renferment de la mousse sous-vide.

On constate surtout une volonté d’offrir les meilleures solutions de conservation possibles, notamment pour les aliments frais, comme ce que propose Liebherr avec les différentes déclinaisons de sa technologie BioFresh. Quels que soient les fabricants, les objectifs poursuivis demeurent les mêmes : éviter le gaspillage en conservant les aliments frais le plus longtemps possible, en respectant leur goût et leur texture. C’est exactement ce que recherche Avintage avec sa cave à fromages et sa cave à légumes. Exemple également chez Haier, qui présente la technologie Nutribank. Celle-ci utilise un champ magnétique pour refroidir les aliments à une température négative stable proche de 0°C pour éviter de congeler les molécules d’eau, ce qui permettrait de préserver les aliments frais plus longtemps, en respectant leurs propriétés.

Lavage : la grande capacité toujours de mise, parfois avec plusieurs tambours

Comme nous l’avons précisé précédemment, les appareils de lavage étant nombreux à avoir atteint les meilleures classes énergétiques, ce sont plutôt d’autres caractéristiques qui sont mises en lumière, comme la modularité de l’aménagement intérieur ou encore le silence. C'est l'un des axes importants sur lesquels a travaillé Asko sur ses nouveaux lave-linge Laundry Care 2.0. C'est aussi l'une des annonces phares d'Electrolux sur ses lave-vaisselle (le fabricant annonce la référence la plus silencieuse du marché, qui atteint 35 dB en mode silence). Le dosage automatique, lui aussi, se démocratise et figure en bonne position des fonctionnalités exposées aux visiteurs.

Les modèles de grande capacité tendent eux aussi à se développer, comme nous l’avions déjà constaté les années précédentes. Cela concerne des appareils à simple tambour, mais aussi des tours de lavage et même des modèles plus atypiques dotés de plusieurs tambours de capacités différentes. C'est la particularité de la principale nouveauté présentée par Candy sur le salon : baptisé Multi Wash, ce lave-linge arbore trois tambours indépendants, un grand pouvant contenir 10,5 kg de linge et deux petits de 1 kg, qui peuvent fonctionner simultanément ou séparément, avec leurs propres réglages. Nous avons vu un autre lave-linge de ce type sur le stand de Hisense mais à date, le fabricant n’avait pas prévu de le commercialiser en France, contrairement au groupe Haier.

Cuisson : la vapeur sous toutes ses formes

Du côté de la cuisson, sans surprise, la vapeur poursuit sa conquête des foyers, présente sur un nombre croissant de fours, avec des degrés d’injection qui varient selon les gammes de prix. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la proposition d’appareils d'un format différent. Sur le stand de Miele, nous avons été séduits par un astucieux tiroir qu’il est possible d’encastrer sous un four de la même manière qu’un simple tiroir chauffant. Plus compact, il peut plus facilement compléter un four multifonction traditionnel dans une cuisine déjà existante. Ce format présente d'autres avantages, à savoir une cuisson plus rapide et une consommation d'énergie moindre. Un autre modèle de ce type a aussi été présenté par BSH sous les marques Bosch et Siemens. 

Concernant l'univers de la cuisson, signalons que les tables à induction anti-rayures sont toujours à la fête sur de nombreux stands, de même que la finition noire mate, qui s’annonce toujours aussi tendance dans les cuisines.

L'IA progresse et cherche à devenir plus naturelle

L’intelligence artificielle, dont de nombreux fabricants se sont emparés, fait partie des axes d’évolution majeurs sur lesquels les marques de GEM travaillent. Les algorithmes prennent en charge des fonctions de plus en plus larges. Par exemple, les technologies de cuisson Bionicook de Haier évoluent, l’IA contrôlant désormais l’utilisation de la vapeur. Idem chez Electrolux/AEG, dont la gamme encastrable boostée à l’IA (avec AI Taste Assist) s'étoffe, certains modèles dotés d’une caméra (Cam Cook) débarquant sur le marché. Ils reconnaissent les aliments et contrôlent leur degré de brunissage. Dans l'univers des lave-linge, Haier annonce équiper certains de ses appareils de caméras (AI Vision), pour déléguer un maximum de réglages, tandis que Samsung améliore sa technologie intelligente AI Wash, qui reconnaît désormais de nouveaux textiles (jean et vêtements techniques d’extérieur).

Mais surtout, les fabricants de GEM s’inspirent des IA qu’on utilise sur nos terminaux mobiles et de la manière dont on les utilise. L’objectif est toujours d’assister l'utilisateur, en lui donnant la possibilité de se contenter d’un conseil générique ou d'aller plus loin dans sa demande, comme il le ferait lorsqu’il utilise par exemple ChatGPT. L’idée est également qu’il fasse ses requêtes de la manière la plus naturelle possible, par une demande vocale à laquelle l’appareil répond et qu’il peut chercher à affiner. Hisense proposait par exemple sur son stand une démonstration de « l’agent IA » intégré dans sa gamme de lave-linge 7i (mais que la marque prévoit de déployer aussi sur d’autres appareils comme les fours). Le fabricant parle d'IA "conversationnelle". Nul besoin de smartphone ou de clavier : on peut par exemple demander directement à l’appareil quel est le meilleur moyen de supprimer une tache de vin sur une robe en lin ou une trace d’herbe sur un short clair.
Le groupe Frio nous donne également un exemple des améliorations que l’IA apporte à son application Vinotag, qui se veut désormais une sorte de sommelier virtuel capable d’aller beaucoup plus loin dans les recommandations d’accords mets et vins, notamment.