L’éco organisme a donné ses lettres de noblesse à ce qui avant 2006, date de démarrage de la réglementation DEEE, était une problématique ignorée des consommateurs : la fin de vie du produit. Christian Brabant, Directeur Général d’Eco-systèmes, fait le point pour Neomag sur les enjeux actuels de cette filière.
Neomag : Christian Brabant, Eco-systèmes a fêté ses 5 ans en novembre dernier. Quel bilan ?
Christian Brabant : Ces 5 années nous ont vu passer du démarrage d’une toute nouvelle activité, sans précédent en France, à une vitesse de croisière où le leitmotiv n’est plus seulement de collecter mais d’optimiser la qualité de la filière dans tous ses aspects. Nous avons passé une étape l’année dernière : après la réalisation des objectifs de collecte, nous avons atteint en 2011 tous les objectifs de recyclage par catégorie de produits.
De façon plus générale, la filière créée par Eco-systèmes joue son rôle dans le maintien, voire le développement de la valeur en France, à la fois en termes d’emplois et de savoir-faire nouveaux, comme par exemple le recyclage des plastiques ou le traitement des écrans plats. Eco systèmes a aussi généré plus de 150 millions d’€ d’investissement industriel en France, via la création de 18 installations spécifiques par ses partenaires. 3 000 emplois ont été créés dans le secteur concurrentiel en logistique et traitement. Sans oublier l’économie sociale qui est l’un des piliers du dispositif, avec 2000 emplois sauvegardés ou créés.
1 500 animations en magasin sont prévues en 2012
Neomag : Quelles ont été les principales actions menées en 2011, en particulier vis-à-vis des enseignes ?
Christian Brabant : nous avons réussi à instaurer le « un pour zéro » en magasin, qui correspondait à une demande des consommateurs : le fait de pouvoir rapporter un produit hors d’usage sans qu’il y ait en face une vente de produit neuf similaire. La collecte du PEM s’est considérablement accrue, grâce notamment à la campagne de communication sur le recyclage des petits appareils et au déploiement de 3 500 espaces « ici je recycle » répartis dans 26 enseignes, depuis septembre dernier. 500 animations magasins ont appuyé cet objectif.
Neomag : La courbe de progression de la collecte montre un net tassement sur les 2 dernières années. Quelles pistes Eco-systèmes met-il en œuvre pour atteindre les futurs tonnages fixés par la prochaine directive européenne ?
Christian Brabant : Nous avons plusieurs chantiers pour augmenter la croissance de la collecte sélective, maintenant que l’ensemble des principaux points d’apport est couvert. Tout d’abord, l’adjonction de 14 nouvelles enseignes en 2012 qui accueilleront des espaces « ici je recycle », pour atteindre un total de 7000 espaces à la fin de l’année. 1 500 animations magasins sont prévues. Nous travaillons aussi sur des solutions pour intégrer les enseignes pure players, qui sont évidemment sous représentées. Au niveau des collectivités, il reste encore beaucoup à faire pour optimiser la collecte des DEEE issus de la filière bâtiment, bien qu’il y ait déjà 250 points d’apport privés sous contrat avec Eco systèmes.
Neomag : Quid de l’éco-participation, qui était promise à l’extinction dès 2013 ?
Christian Brabant : Plus personne ne met en cause sa légitimité, car elle a fait ses preuves à tous égards. L’autorité publique de la concurrence, qui en contestait le mécanisme au démarrage de la filière, a donné son aval pour son maintien, dans la mesure où l’éco-participation finance le recyclage de DEEE dits « historiques », c’est-à-dire mis en marché avant la première directive. Or 96% des DEEE traités sont dans ce cas…
De nombreux consommateurs ont encore une idée vague de ce que leurs produits deviennent...
Neomag : Vous communiquez beaucoup dans la presse, en affichage abribus…, pour quelle efficacité sur la qualité de la filière?
Christian Brabant : La communication est l’une des obligations prévues dans les cahiers des charges d’un éco organisme, et le consommateur est en demande d’informations sur le sujet. Les campagnes sur les espaces « ici je recycle » et sur le recyclage de téléphones portables, ont été un véritable succès, comme en témoigne la croissance de 12% de la collecte du Pem l’année passée.
Notre communication va être réorientée en 2012 : après des années où nous avons insisté sur le geste de collecte, il nous faut à présent rassurer sur ce qui se passe en aval. De nombreux consommateurs ont encore une idée vague de ce que leurs produits deviennent, quand ils ne pensent pas que les produits sont exportés en Asie pour être démembrés en parfaite contradiction avec la législation sur la santé et la sécurité des populations... Régulièrement, des émissions véhiculent cette image très préjudiciable à notre activité.
Neomag : Que répondez- vous à ces attaques ou à ces idées reçues ?
Christian Brabant : Qu’en France, un circuit de recyclage approprié est mis en place pour chacune des catégories d’appareils apportés par les consommateurs. Si leur réutilisation n’est pas possible, ils sont dépollués puis recyclés sous forme de nouvelles matières premières qui seront utilisées pour fabriquer de nouveaux produits. Ces différentes opérations sont effectuées dans des installations rigoureusement contrôlées, en moyenne une dizaine de fois par an. La fiabilité de la filière n’a désormais plus rien à envier à l’industrie des produits neufs, par ses méthodes et ses exigences de qualité. Ce sera le grand chantier de communication pour 2012.