Par Sandra Nicoletti
Relancer la mobilisation collective en faveur de l’apprentissage pour former 500 000 apprentis d’ici 2017 : telle est la nouvelle campagne d’information lancée par le ministère du Travail et annoncée il y a quelques semaines sur Canal + par le Président, dans l’émission Le Supplément. Si François Hollande a fait de la Jeunesse et de la lutte contre le chômage des jeunes l’une de ses priorités lors de son élection, le Gouvernement s’engage aujourd’hui via un effort financier destiné à soutenir le développement de l’alternance.
Voté en mars 2014 et soutenu par la création en avril dernier de la FIPA (Fondation Innovations Pour l’Apprentissage), le plan de relance de l’apprentissage se concrétise par un nouveau régime d’aide à l’embauche d’un apprenti. A compter du 1er juillet 2015, les TPE qui accueilleront un apprenti mineur en première année seront ainsi exonérées de charges sociales et ne paieront pas de salaire, la rémunération étant prise en charge par l’Etat pendant un an. Une aide de 1 100 € qui sera reversée chaque trimestre, soit 4 400 € sur l’année. Pour l’apprenti, rien ne change, il bénéficiera toujours des cotisations sociales et sa rémunération sera entièrement préservée, à savoir 25% du SMIC la première année, soit 364,39 €.
Au-delà de cette première année d’exonération, l’entreprise bénéficiera du régime d’aide lancé en septembre dernier, soit l’attribution systématique d’une prime de 1 000 € versée par la région, pour tout apprenti dans les TPE. Et l’attribution éventuelle d’une autre prime de 1 000 € pour tout apprenti supplémentaire, applicable à toutes les entreprises de moins de 250 salariés.
Une opportunité pour l’électrodomestique ?
Si cette mesure semble intéressante pour relancer l’apprentissage en perte de vitesse depuis deux ans, elle ne devrait pourtant pas favoriser les secteurs du Blanc Brun. "La filière électrodomestique a cette particularité d’avoir très peu d’apprentis mineurs, compte tenu du degré d’exigence requis sur ce secteur, que ce soit en termes d’expérience ou de maturité, explique Pascal Carcaillon, Délégué Général du Réseau Ducretet. Pour prendre l’exemple des vendeurs, le niveau de recrutement exigé est bien souvent un BTS. Idem pour les métiers du SAV où le permis de conduire est exigé pour des raisons évidentes de mobilité. Les apprentis les plus jeunes au CFA ont entre 19 et 21 ans et ne peuvent donc entrer dans le cadre de cette nouvelle mesure".
Le Délégué Général déplore par ailleurs "des messages contradictoires et des atermoiements de la part du Gouvernement qui ont freiné bon nombre de patrons dans l’embauche d’un apprenti". Il faut dire que l’apprentissage reste un sujet complexe avec des contrats d’apprentissage d’un côté et des contrats de professionnalisation de l’autre et surtout, des règles qui ne sont pas les mêmes et qui évoluent sans cesse.
Au-delà d’un manque de communication claire et audible, la situation économique explique également la désaffection de l’apprentissage "avec des salariés des TPE qui se forment beaucoup moins qu’auparavant, sinon très peu" comme le souligne Pascal Carcaillon. Et de conclure : "le chômage des jeunes ne cesse de s’aggraver depuis des années. Les patrons se montrent plus prudents et ont besoin de visibilité pour se projeter et envisager l’embauche d’un apprenti. Si l’on veut relancer l’apprentissage, qui présente de nombreux avantages tant pour les entreprises que pour les jeunes apprentis, l’Etat doit se montrer plus clair et plus ferme dans ses positions, avec un message clair et parfaitement défini".
Réseau Ducretet : développeur de compétences