Nos lecteurs exposent leurs arguments

Nos lecteurs exposent leurs arguments

le 26 février 2010
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Depuis la création de neomag, jamais un article n'avait suscité autant de réactions. Nous avons sélectionné parmi vos dizaines de témoignages ceux qui reflétent votre indignation devant le reportage et l'image de la profession qui y est donnée. De Pierre Thuillier, Directeur Général de Pro et Cie à Yves Olivré, président de l'Upem jusqu'aux vendeurs et techniciens, découvrez comment les lecteurs de neomag savent défendre leur métier...

Pour ceux qui se posaient la question de savoir si, dans le reportage, le commerce associé n’avait pas été oublié, la réponse est apportée par Pierre Thuillier, Directeur Général de Pro et Cie : « il faut savoir que nous avons été contactés par la journaliste et que nous avons consacré du temps, à la centrale, pour répondre à ses demandes. Plusieurs de nos adhérents lui ont même ouvert leurs portes pour qu’elle voit leur quotidien. Au final, rien n’a été montré. Est-ce que des images de professionnels faisant correctement leur métier n’est pas intéressant ? »
Ce que reproche également Pierre Thuillier, ce n’est pas seulement l’absence du commerce associé mais la généralisation des cas négatifs exposés à l’ensemble de la profession, techniciens et vendeurs. Il rappelle également qu’avec l’effondrement des marges, la vente de services permet à beaucoup de pouvoir vivre de leur métier. «  L’extension de garantie est une assurance, un terme jamais employé, et elle n’est jamais imposée. Si nous la conseillons, c’est qu’elle apporte une sécurité à nos clients ». Pierre Thuillier est également Président de l’Ugem : « il n’y aura pas de réaction officielle et isolée de l’Ugem. En revanche, nous préparons un communiqué commun, sous l’égide de la Fenacerem, avec l’Oscrem (GSS) et l’UPEM.
L’Upem dont le Président, Yves Olivré, s’est exprimé durant le reportage. Deux phrases retenues sur une heure d’entretien. « La journaliste a demandé un entretien sur le thème des devis non suivis de réparation dans l’EGP. Pendant une heure, je lui ai expliqué le fonctionnement d’une station technique, du SAV. Ce qui est malheureux, c’est que le moment où j’interviens précède le reportage sur la Fnac et l’APN non ouvert. Sortie de son contexte, mon intervention semble justifier ces faits ce qui n’est pas le cas. Dans son éditorial, visible sur le site de l’Upem, Yves Olivré déclare « Non l’émission d’Envoyé Spécial de France 2  du Jeudi 18 Février dernier sur le SAV ne reflète pas la façon de travailler des entreprises traditionnelles du commerce de l’Electroménager et du Multimédia. La journaliste, en dépit de toute déontologie, à uniquement fait son reportage  pour  vendre sa « soupe »  elle a en permanence travaillé à « charge », coupé, sorti du contexte des interviews la petite phrase qui fait mal  Par contre ce type d’émission  est le moment unique de faire valoir nos différences au niveau des services … Depuis des années l’UPEM se bat pour faire renaitre l’idée que tout n’est pas jetable, que vous pouvez réparer et que sans services, vos entreprises disparaitront … »


Même les syndicats ne sont pas d’accord
Même les syndicats s’insurgent, comme le prouve ce communiqué diffusé sur le Forum de France 2 et émanant du syndicat CFTC de Boulanger : « Boulanger CFTC a suivi avec grand intérêt le récent reportage que France 2 a réalisé sur nos professions pour son émission « Envoyé Spécial ». La CFTC regrette que d’anciens salariés règlent leurs comptes avec leurs entreprises par médias interposés.  Chaque métier a des avantages et des inconvénients mais dire que nos professions ne placent pas le client au cœur de l’activité, est une véritable attaque et une insulte envers les hommes et les femmes de l’entreprise.  Dans chaque corps de métier, il y des collaboratrices et des collaborateurs plus passionnés que d’autres.  Réduire le salarié a une simple machine à rouler le client n’est pas acceptable et le reportage est très à charge sur notre profession.  Certes, des problèmes existent, comme dans toutes les entreprises, mais nous œuvrons au quotidien afin de faire évoluer ces situations.  Nos sociétés se développent économiquement grâce au travail de tous les salariés et nous n’avons pas besoin de ces reportages qui pénalisent la pérennité de nos emplois.. »


Indépendants et salariés unis dans l’indignation
Pour Rodolphe, vendeur et responsable d’un magasin Pulsat, le choc a été grand :  « Il est vrai que comme dans tout métier, il y'a forcément des "brebis galeuses", mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Pour ma part, un bon vendeur doit toujours vendre le produit correspondant aux besoins du client… Je pense que France 2 devrait absolument refaire un reportage en rencontrant de "vrais vendeurs", en attendant ce sont les sites internet qui doivent se frotter les mains. En ce moment même, mon collègue est en train de défendre notre profession avec une cliente qui donne raison au reportage!!! Merci France2!!!
Pour Jean-Pierre, responsable d’un magasin Extra, ce reportage est une aubaine pour le commerce associé : « vous avez tort , cette émission nous met au premier plan pour notre professionnalisme , notre respect du client et confirme ce que nous leur avons explique sur ces grandes enseignes . A nous d'en profiter. Tout est vrai dans les reportages mais la faute revient aux enseignes qui ne donnent pas de salaires décent a leurs vendeurs qui souvent ne sont pas des vendeurs de l'enseigne. Pour la camera caché elle a au ùoint le mérite de reflet la vérité »
Pour Marie-Paule, adhérente Pro et Cie, « Mr Francis Delafoy, n'est pas le seul à réparer les LCD ,PLASMA , et autres. Il reste encore de BONS TECHNICIENS , en FRANCE, et mon Mari, avec lequel je travaille depuis 30 ans, en fait partie !
Avis plus mitigé pour Vincent, vendeur dans une GSS : »je vous rejoins entierement, il est normal que n'importe quel distributeur oriente ses ventes et cela n'est pas toujours à l'encontre du client. Le fait de donner une prime est courant dans toutes les activités commerciales. En revanche, le reportage sur les dépannages met bien le doigt sur la pression dû au besoin de plus en plus pressant de marge. »
Quant à Patrice Martin, qui a consacré toute sa vie au métier et reconnu par tous, il avoue sa tristesse : « comment admettre de tels témoignages à charge après 40 ans de service après vente consacré au client et un engagement de 17 ans dans la formation de vendeurs et de technicien ! J'attends avec impatience la réaction des organisations professionnelles !!!! »

Le témoignage d’un cadre d’une GSS : un vendeur gagne rarement plus de 1500 euros nets par mois

"Je viens de voir le reportage "envoyé spécial", je travaille actuellement depuis 15 ans pour une des chaines de distribution d'électroménager citée dans l'émission , j'ai été vendeur je ne le suis plus, mais je les côtoie tous les jours. Je vais donc essayé d'être impartial par rapport à ce que j'ai vu et à ce que je vis.


1- Les extensions de garantie
Il est évident qu'elles rapportent plus à un magasin que de nombreux produits qui ont les prix tirés vers le bas, ces derniers étant peu rentables vendus seuls. Il n'y a pas d'arnaque à l'extension de garantie, c'est une assurance sur un risque (une panne), on ne se pose pas la question quand on prends une assurance auto ou maison si c'est une arnaque même si on a jamais eu d'accident. Elle couvre un risque et c'est tout, après à chacun de décider si il veut couvrir le risque de panne au delà de la garantie constructeur. L'efficacité de cette extension étant conditionnée par l'efficacité du SAV variable selon les enseignes et la charge de travail.
Dans l'émission on peut voir un caméscope qui revient avec un devis de réparation de 139 euros, pour 99 euros dans la même enseigne, la cliente aurait pu avoir une garantie échange à neuf de 5 ans.
Il a également été dit que les extensions de garantie ne servaient à rien car le taux de panne était très faible, d'aprés UFC que choisir organisme indépendant de consommateurs (loi 1901) le taux de panne dans les 3 ans est de 25% sur les lave linge et 21% sur les lave vaisselles et télévisions donc 1 produit sur 4 tombe en panne dans les 3 ans. Le risque existe bien.

2- Qualité de conseil des vendeurs et primes
Je pense que c'est ce qui a le plus choqué les consommateurs que nous sommes tous. A savoir que le vendeur ne conseillerait pas le produit le plus adapté mais le produit qui rapporte le plus au vendeur et donc au magasin.
En effet le vendeur est poussé par le système de rémunération à vendre les produits qui rapportent le plus et donc lui permettent d'augmenter ses revenus. Cependant je vous rassure il y a des gardes fous : tout d'abord le client qui s'est renseigné sur internet ou dans la presse et qui vient avec une idée précise n'achètera pas ni'mporte quel produit, autre garde fou : dans la plupart des chaines de grandes distributions le client peut ramener le produit dans les 15 jours si il n'est pas satisfait ou si le produit ne corresponds pas à ses attentes et la le vendeur est décomissionné, le client peut ne jamais revenir dans ce magasin ou le client peut écrire pour dire son mécontentement (courrier pris en compte contrairement à ce qu'on pourrait croire). Des mécanismes donc qui limitent les débordements.
Je connais des vendeurs qui font très bien leur métier dans le système actuel, si le métier de vendeur est bien enseigné en formation ce dernier doit aller à la découverte de son client. Et la je pense aussi qu'il y a des disparités selon les enseignes comme on a pu le voir avec ce "formateur" d'extension de garantie qui est une brebis galeuse.

3- La qualité des produits
Je rappelle une chose évidente, les distributeurs ne sont pas les fabricants. Si les produits tombent en panne c'est aussi parce qu'on recherche les prix les plus bas avec le maximum d'option, la qualité des pièces en prends un coup car le fabricant cherche aussi le profit maximum.
Dans le reportage il est question que les fabricants font en sorte que les produits ne durent pas plus de 10 ans, je ne trouve pas cela scandaleux avec la vitesse à laquelle évoluent les technologies, vous en aurez surement changé avant qu'il ne tombe en panne.

4- Les discours internes
Suite aux propos entendus dans l'émission je peux vous dire que je n'ai jamais entendu ce genre de discours où je travaille et à mon avis cette attitude est marginale et ne représente qu'un faible pourcentage de personnes qui font mal leur travail.
Voilà ce que j'ai entendu le plus en interne (hors présence client) :
Il faut être à l'écoute de nos clients, il faut vendre des services (extensions de garanties, installations ...), il faut vendre les produits qui rapportent le plus en termes de marge (pas le plus cher forcément), n'oubliez pas d'aller faire vos formations obligatoires sur les produits, il faut vendre des financements car ils sont rémunérés par les organismes de crédit, certains trouveront certains points scandaleux mais quand on regarde bien il s'agit simplement de faire du bénéfice parce qu'un magasin coûte plus cher à faire tourner qu'un site internet (frais de personnel, électricité, publicité etc ...) il n'y a pas d'arnaque dans la grande distribution de produits électroménagers. Quand vous irez voir votre vendeur sachez qu'il gagne rarement plus de 1500 euros net /mois (sauf en décembre bien sûr à cause du volume de vente), qu'il n'est rien d'autre qu'un maillon obéissant de la chaine de profit de notre société de consommation, depuis 9 ans que j'y travaille j'ai souvent vu le respect du client. Je rappelle que je ne suis plus vendeur.

Conclusion
Le système actuel n'est pas parfait puisqu'il conduit à certains débordements comme l'éviction de certaines marques dans certaines chaines de distributions (dyson/darty) ou des formations inadaptées qui déshumanisent le vendeur.
Dans les équipes ou les responsables savent motiver leurs vendeurs d'une façon intelligente on ne se retrouve pas avec des "vendeur-killer" qui vendent n'importe quoi à n'importe qui et la je suis bien d'accord ça n'est pas marqué sur le magasin.
Dans l'état actuel, je pense que tout le monde y trouve son compte vendeur et consommateur qui est bien protégé en France.
Le reportage montre que les excès du système car il est normal que tous les acteurs connaissent toutes les règles du jeu. Un simple rappel, nous sommes tous clients.

NDLR : Nous avons respecté l’anonymat  des personnes citées dans cet article. Toutefois, la rédaction de neomag a authentifié leur identité professionnelle et donc leur légitimité à s’exprimer…

 

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