Au sein d’un marché du petit électroménager qui s’est avéré florissant en 2024 (en progression de 8% en volume et autant en valeur), la famille de l’entretien des sols a fait preuve d’une belle vigueur. Portées par l’innovation, quelques catégories se sont montrées particulièrement dynamiques, à l’instar des aspirateurs wet and dry ou encore des aspirateurs robots. Alors que les ventes de robots ont augmenté de presque 7% selon les chiffres de NielsenIQ GfK, le chiffre d’affaires qu’ils ont généré a encore plus progressé : +24,6%. Rien d’étonnant quand on voit les technologies déployées par les fabricants de manière incessante pour en faire bien plus que de simples appareils d’entretien des sols. Ils ont quasiment vocation à devenir de petits assistants domestiques au quotidien.
Les aspirateurs robots, des appareils hautement innovants et créateurs de valeur
Plusieurs familles de produits ont contribué au succès du marché du petit électroménager en 2024. Aux côtés de l’incontournable airfryer, les équipements d’entretien des sols figurent en bonne place. C’est le cas des aspirateurs robots, qui parviennent à conquérir de plus en plus de Français. Ceux-ci se laissent séduire par ces appareils qui ont su, en seulement quelques années, devenir plus bien plus autonomes, intelligents, performants et nécessitent de moins en moins d’entretien grâce à des technologies en constante évolution. Voici les tendances fortes qui se dégagent en matière d’innovation sur le marché des aspirateurs robots.

Le lavage en plus de l’aspiration – et avec du détergent
C’est l’une des fortes tendances du marché, quel que soit le niveau de prix : rares se font les aspirateurs robots qui se contentent désormais d’une fonction d’aspiration. La quasi-totalité des nouveaux modèles lavent également les sols durs. Pour ce faire, ils utilisent soit une lingette serpillère en forme de demi-lune, parfois vibrante pour frotter les sols, soit deux patins rotatifs ronds.
La multiplication des fonctions n’est pas une nouveauté sur ce marché mais c’est presque devenu la norme. De plus, dès qu’on monte en gamme, la plupart des robots ne se contentent plus de nettoyer les sols avec de l’eau pure mais avec de l’eau mélangée à du détergent (la seule obligation étant de s’en tenir à celui de la marque). Dans le cas des modèles les plus élaborés, le mélange d’eau et de produit est même automatique – le détergent est contenu soit dans une cartouche jetable soit dans un réservoir à clipser dans la station d’accueil. Précisons que ces appareils fonctionnent avec une application, qui restitue la cartographie du logement effectuée par le robot. Cette carte permet de personnaliser le nettoyage dans chaque pièce ou zone de la maison, en fonction des habitudes ou du revêtement de sol. On peut notamment ajuster le débit d’eau pour que la serpillère soit plus ou moins mouillée, ce qui peut par exemple être pratique pour protéger un parquet fragile ou humidifier plus abondamment un carrelage de cuisine. Certaines applications permettent de régler le débit selon plus de 30 niveaux différents !
L’une des dernières nouveautés en date concerne le lavage des sols à l’eau chaude, pour mieux dissoudre les taches grasses ou collantes.
Des stations multifonction qui gèrent beaucoup plus que la recharge
Il existe encore des stations d’accueil toutes fines qui gèrent uniquement le chargement de la batterie du robot. Mais des versions bien plus polyvalentes se sont déployées ces dernières années. En l’occurrence, elles tendent à se généraliser dès le milieu de gamme et deviennent de plus en plus abordables. Le concept ? La station, plus massive qu’une simple base, gère la plupart des opérations d’entretien automatiquement pour que l’utilisateur ait besoin d'intervenir le moins souvent possible. La poussière est vidangée puis collectée dans un grand sac ou dans un réservoir pouvant contenir plusieurs mois de déchets ; le réservoir d’eau du robot est automatiquement rempli depuis un grand bac à eau stocké dans la station ; la serpillère est directement lavée avec de l’eau propre et l’eau sale ayant servi à ce nettoyage est récupérée dans un second bac réservé à cet usage. Conclusion : pendant plusieurs jours voire semaines, on n’a pas besoin de toucher à l’appareil et quand il est nécessaire d’effectuer une opération (par exemple ajouter de l’eau ou vider le réservoir d’eau sale), on reçoit une alerte de l’application.
Et ces stations tout-en-un vont plus loin que cela. De plus en plus souvent, le lavage de la serpillère ou des patins s’effectue à l’eau chaude (entre 60 et 80°C généralement) pour mieux dissoudre la saleté et éliminer les bactéries. Enfin, la plupart du temps, à l’issue de ce nettoyage, la serpillère est séchée à l’air chaud, pour éviter les odeurs et bactéries. Quelques références poussent le concept un peu plus loin dans ce domaine en proposant une stérilisation de serpillère par UV ou un traitement à la vapeur – de quoi chasser définitivement microbes et bactéries.
Et comme il est encore nécessaire d’entretenir la base de temps en temps, notamment la « planche de lavage » sur laquelle la serpillère est baignée puis frottée (car elle retient les poils d’animaux, la poussière, les cheveux et se salit), les fabricants cherchent à intervenir aussi sur ce point. Les derniers modèles haut de gamme des acteurs majeurs du marché intègrent des planches de lavage dont la forme est spécialement étudiée pour se salir beaucoup moins rapidement, voire s’auto-nettoyer en même temps que la serpillère ou les patins.
En ce qui concerne l’alimentation du robot en eau et l’eau sale collectée à l’issue du lavage de serpillère, grâce aux grands réservoirs placés dans la station, qui peuvent contenir plusieurs litres chacun (jusqu’à 4 L, voire plus), on peut espacer la fréquence du remplissage et de la vidange. Mais il est possible de faire encore mieux ! Certaines marques proposent des kits adaptateurs pour raccorder directement la station tout-en-un à une arrivée d’eau ainsi qu’à une sortie d’eau pour ne plus avoir à gérer ces opérations. Il existe même des déclinaisons encastrables des quelques récents modèles haut de gamme, qui comportent une station plus compacte, sans les bacs à eau propre et eau sale, mais prévoyant les raccords en question.
À signaler aussi dans le domaine des stations tout-en-un (même si cette tendance s’est beaucoup moins développée) : quelques constructeurs ont tenté d’intégrer un aspirateur à main ou un aspirateur balai directement pluggé sur la station de l’aspirateur robot.
Dans le même esprit de minimiser les gestes d’entretien, un effort constant est concédé sur le développement des brosses qui équipent les robots. Le but est le même que sur les aspirateurs balais : éviter l’emmêlement des cheveux et poils d’animaux. Les brosses anti-enchevêtrement adoptent plusieurs formes selon les modèles d’aspirateurs et les fabricants. Il peut s’agir d’un petit peigne accolé à la brosse principale qui coupe et détache les déchets de la brosse lors de sa rotation, de brosses torsadées spécialement conçues pour guider et acheminer les cheveux enroulés vers la bouche d’aspiration de l’appareil, ou encore de brossettes latérales en arc de cercle…
Un challenge : atteindre les zones jusqu’à présent inaccessibles
Tous les fabricants d’aspirateurs robots courent après cet objectif, à grand renfort d’innovations technologiques. Cela commence par le dessous des meubles, que certains robots parviennent à atteindre grâce à une cure d’amincissement : les plus fins mesurent actuellement un peu moins de 8 cm d’épaisseur, soit 2 à 3 cm de moins que leurs prédécesseurs. De plus, certains disposent d’un LiDAR rétractable, qui rentre dans le châssis pour se glisser sous le mobilier – quelques références se passent même tout bonnement du traditionnel LiDAR placé sur le dessus du capot, embarquant de nouveaux systèmes de navigation.
Autre zone qu’il faut chercher à atteindre : les angles, les coins et les bordures. Même avec une brossette latérale, les robots ne parvenaient pas toujours à récolter efficacement la poussière jusque dans les recoins. C’est pourquoi certains sont équipés d’une brossette latérale fixée sur un bras mobile qui s’étend à l’approche des zones plus difficiles d’accès. Les robots les plus intelligents le font même lorsqu’ils longent une porte fermée, un meuble bas ou un appareil électroménager. La brossette s’étend par exemple pour aller récupérer de la poussière qui se serait glissée sous le lave-linge, le lave-vaisselle ou le réfrigérateur.
Si ce type de brossette apporte une solution lorsque le robot dépoussière les sols, le problème est le même lorsqu’il est question de les laver – problème auquel les constructeurs ont aussi trouvé des solutions. Selon les modèles et les fabricants, il peut s’agir soit d’une serpillère fixe secondée par une mini serpillère ronde placée sur le côté du robot, soit de deux patins rotatifs dont l’un est extensible (comme la brossette) ou encore d’un rouleau rotatif lavant (comme celui qu’utilisent les aspirateurs wet and dry) qui se décale sur le côté du châssis pour atteindre les bordures plus efficacement.
Dépoussiérage amélioré des tapis et moquettes
Les fabricants mettent en œuvre des solutions pour aspirer plus efficacement les tapis et les moquettes. Cela passe par un travail des brosses principales qui évoluent sans cesse mais également par l’augmentation de la puissance d’aspiration, qui peut désormais atteindre 22 000 Pa environ - à titre de comparaison, il y a environ deux ans, les modèles haut de gamme affichaient 6000 Pa. En outre, la plupart des robots actuels sont en mesure de reconnaître ces surfaces et de booster leur puissance d’aspiration lorsqu’ils passent dessus.
Ensuite, des technologies sont dédiées au nettoyage des tapis, de manière à assurer leur aspiration sans qu’ils soient mouillés ou salis par la/les serpillères. Parmi les robots haut de gamme modernes, la solution la plus basique consiste en une serpillère relevable, capable de se soulever de plusieurs millimètres lorsque l’appareil monte sur un tapis. D’ailleurs, précisons au passage qu’il n’est pas rare que la brossette et/ou la brosse principale puissent se soulever aussi (quand l’appareil se contente de laver les sols ou quand il détecte une tache dans laquelle les brosses ne doivent pas tremper). Les robots les plus complets proposent une solution plus radicale : le robot détache sa serpillère ou ses patins et les laisse dans sa station quand il n’en a pas besoin, c’est-à-dire quand il aspire sans laver ou quand il nettoie des tapis et moquettes. Le comportement du robot face à ces revêtements de sol, de même que tous les paramètres, sont personnalisables dans l’application.
Il existe même des références premium disposant de ce qu’on appelle un châssis relevable, qui peut se soulever intégralement pour franchir des seuils de porte un peu hauts (jusqu’à 4 cm et même plus désormais) ou monter sur des tapis épais.
Des algorithmes boostés à l’IA pour s’adapter à l’environnement et optimiser le nettoyage
On l’aura compris, les robots dont on parle sont bardés de capteurs et bourrés de technologies. Connectés au réseau WiFi et bénéficiant de mises à jour régulières, ils évoluent et apprennent. Lesdites évolutions portent notamment sur leur capacité à reconnaître l’environnement dans lequel ils évoluent. Par « reconnaître », on ne veut pas seulement parler de leur capacité à se repérer dans l’espace grâce à la cartographie du logement qu’ils établissent. Ces appareils sont en mesure d’appréhender et d'identifier les objets qu’ils croisent dans la maison : ils ne contourneront pas de la même manière une chaussure, la gamelle d’un animal domestique ou un câble électrique. Ils utilisent aussi cette capacité de reconnaissance pour personnaliser la cartographie : ils peuvent distinguer un canapé, une table et des chaises, ou encore le revêtement de sol sur lequel ils évoluent (tapis, moquette mais aussi carrelage ou parquet). Le but : nettoyer plus intelligemment les sols, de la manière la plus adaptée. La reconnaissance n’est pas toujours infaillible mais il est possible de modifier dans l’application quelques erreurs que le robot aurait pu faire - par exemple, lui indiquer que le sol de la cuisine n'est pas recouvert de parquet mais de carrelage.
En ce qui concerne l’intelligence de nettoyage, justement, les robots parviennent de plus en plus à adapter leurs paramètres de fonctionnement automatiquement, en temps réel et également après un cycle de nettoyage. L’idée ? Aspirer plus fort s’il y a une importante quantité de saleté et éventuellement insister sur certaines zones. Idem en ce qui concerne le lavage : certains modèles peuvent répéter autant que nécessaire le lavage de zones sales où se trouvent des traces tenaces. En fin de cycle, ces appareils fournissent une carte sur laquelle les zones les plus sales sont repérées ; on peut choisir de les nettoyer à nouveau.
La même intelligence est exploitée pour optimiser le nettoyage de serpillère : sur les modèles haut de gamme, dans l’application, on peut choisir différentes options d’auto-nettoyage. En mode intelligent, la durée de lavage et la quantité d’eau sont ajustés en fonction du niveau de saleté de la serpillère, voire la température de l’eau pour certains (un capteur surveillant si l’eau aspirée est plus ou moins trouble).
Une caméra exploitée pour surveiller la maison et les animaux
Dernière tendance intéressante à signaler : ces appareils renfermant notamment une caméra pour naviguer dans l’habitation et reconnaître les objets, cet accessoire peut souvent être utilisé aussi pour surveiller le logement à distance, depuis l’application. Pour des raisons de sécurité, les fabricants demandent au consommateur d’accepter les conditions d’utilisation et de procéder à quelques manipulations pour activer la fonction, qui ensuite nécessite un code chaque fois qu'on veut commencer à capter des images. On peut alors visualiser ce qui se passe chez soi et l’image est d’ailleurs assez claire. Il est également possible de diriger le robot dans l’habitation pour le faire déambuler et même, grâce à l’audio bidirectionnel, d’écouter ce qui se passe et de parler pour se faire entendre par l’un des occupants présents, par exemple. Pour l’instant, le but n’est pas de remplacer un véritable dispositif de surveillance ni même une caméra. Les fabricants destinent notamment cette fonctionnalité aux propriétaires d’animaux de compagnie, qui aiment souvent garder un œil à distance sur leur compagnon. D’ailleurs, les marques d’aspirateurs robots leur réservent d’autres fonctions comme la recherche d’animal de compagnie (où le robot patrouille dans le logement pour le trouver), la capture de photo quand le robot croise la boule de poils ou encore un nettoyage plus soigné autour des objets appartenant aux animaux (qu’on peut renseigner sur la cartographie, tout comme les meubles) – par exemple une gamelle ou la litière du chat.
Et pour l’avenir ? Pourquoi se cantonner à l'entretien des sols ?
Quand on sait que les modèles les plus élaborés, qui renferment l’ensemble des fonctionnalités évoquées ci-dessus sont vendus à des tarifs compris entre 1200 et 1600 euros environ, on comprend à quel point l’innovation participe à la création de valeur. Car si parmi ces nouvelles fonctionnalités, certaines sont dispensables pour bon nombre d’utilisateurs, d’autres peuvent être bien pratiques et leur utilité est assez évidente. On pense notamment aux stations tout-en-un dont le bénéfice d'usage est très concret.
Quand on regarde quelques années en arrière, on peut saluer le chemin parcouru. Les fabricants d’aspirateurs robots ont été capables de développer beaucoup de technologies innovantes, finalement en peu de temps. Et pour tester chaque génération de robots, nous nous faisons régulièrement la remarque qu’ils ont atteint un tel niveau de maturité qu’il sera difficile de les faire encore beaucoup progresser. Pourtant, les acteurs du marché y parviennent. Ils trouvent même des idées auxquelles nous n’aurions jamais pensé. Le dernier développement en date concerne des aspirateurs robots dotés de bras robotisés capables de ramasser des objets. Si plusieurs prototypes ont été démontrés au dernier salon CES de Las Vegas, c’est déjà une réalité puisque Roborock a récemment lancé son Saros Z70 à l’assaut du marché français. Un robot qui n’a pas seulement vocation à entretenir les sols – au fil de ses évolutions logicielles il doit être capable de reconnaître, ramasser, trier et ranger de plus en plus d’objets du quotidien, avec l’ambition de devenir « un assistant » et « un compagnon ».