L’électroménager fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large

Camille Beurdeley -
Déléguée Générale du Gifam

L’électroménager fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large

le 27 mars 2023
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La filière électroménager est particulièrement impliquée dans les questions liées à l’écoresponsabilité : économies d’énergie, large adhésion aux contrats climats, efforts en matière de réparabilité et durabilité… Neomag fait le point sur ces thématiques avec Camille Beurdeley, Déléguée Générale du Gifam.

L’électroménager fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large

Neomag. Dans le secteur de l’électroménager, les innovations contribuent notamment à réduire les consommations d’énergie. Dans quelle mesure ?

Camille Beurdeley. La question des économies d’énergie n’est pas un nouveau chantier. Les fabricants y travaillent depuis la fin des années 90, moment auquel est apparue l’étiquette énergie. Sans remonter aussi loin, vers les années 2010, on estimait déjà avoir fait entre 50% et 60% d’économies d’énergie sur les gros appareils de lavage et de froid (sachant qu’on parle à la fois d’eau et d’électricité).

Nous avons récemment fait un calcul pour savoir ce que l’on paierait si on n’avait pas fait ces gains sur les 20 dernières années. Par exemple, sur le froid, les gains vont jusqu’à 84% d’économies d’énergie. Ils sont déjà importants appareil par appareil, mais c’est plus significatif quand on les cumule de manière annuelle. Dans le contexte actuel c’est encore plus prégnant et on voit bien que les consommateurs y sont sensibles. L’électroménager a contribué – avec d’autres appareils tels que les appareils de chauffage – à des baisses significatives. Le gouvernement a annoncé que rien qu’en adoptant des pratiques plus vertueuses, on a baissé de 10% les consommations des foyers en France. Ce qui est aussi permis par des moyens de pilotage. Les Français ont un peu redécouvert les fonctionnalités permettant de programmer les appareils, les fonctions éco...

L’électroménager fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large

« La difficulté consiste à comparer des appareils à peu près similaires, notamment de capacités proches (ce qui est plus facile sur le lavage que sur le froid). Si on avait un même foyer avec des appareils datant de 2000 équipé d’un réfrigérateur, un lave-linge, un four, un lave-vaisselle et un sèche-linge, comparé aux appareils d’aujourd’hui, on gagne près de 400 € par an sur la facture d’électricité, ce qui est énorme ».

La consommation d’énergie est un critère d’achat important. Entre 2021 et 2022, on a assisté à une croissance des ventes d’appareils affichant les meilleures classes énergétiques. À quoi peut-on s’attendre en 2023 ? Une réduction du budget alloué à l’électroménager ou des renouvellements pour l’achat d’appareils plus performants ?

Le Gifam ne fait pas de projections. Mais on sait que 2022 a été une année de rééquilibrage du marché. On repart sur un pallier plus cohérent avec ce qu’on connaissait avant les années Covid. Il y aura peut-être des renouvellements liés à des recherches de gains énergétiques, car les consommateurs y sont sensibles quand ils achètent des produits ; ils regardent encore plus qu’avant les étiquettes énergie. Mais le renouvellement naturel du parc, qui a été un peu accéléré pendant la période Covid et qui depuis se stabilise, va sans doute se poursuivre dans la continuité. Il ne faut pas oublier que les consommateurs peuvent déjà faire des économies avec les appareils qu’ils possèdent en les utilisant un peu différemment.

De plus en plus soucieux de l’impact environnemental des produits qu’ils achètent, les Français veillent à choisir des appareils durables et réparables. Quel est le poids de l’indice de réparabilité lors des achats ?

77% des Français déclarent que l’indice de réparabilité est un critère déterminant dans le choix d’un gros appareil électroménager et 72% pour le PEM. On voit bien que cela devient un élément de choix vraiment très important. Et de manière générale, tout ce qui concerne l’impact environnemental prend une place de plus en plus importante. D’ailleurs, on voit que cela croît depuis plusieurs années.

L’électroménager fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large

"Depuis 2020, on est passé de 32% des Français pour lesquels cela fait partie des priorités à 37%. 2020 a été une année charnière et depuis cela s’accélère un peu."

Le fonds réparation a justement été lancé à la fin de l’année dernière pour inciter les Français à réparer leurs appareils. A-t-on déjà une idée de son incidence sur le comportement des Français en cas de panne ? Les réparations ont-elles augmenté ?

Le cap de 1 000 réparateurs labellisés a été franchi. Leur nombre augmente et leur répartition sur le territoire commence à être intéressante. Pour l’instant, il est compliqué d’affirmer qu’il y a eu un boom des réparations. Mais tous les réparateurs disent qu’ils ont plus de demandes, certains affirment avoir vu celles-ci augmenter de 40%, d’autres plutôt de 10%. Pour l’instant, il s’agit plus d’un ressenti terrain, mais tous les professionnels concèdent qu’il y a eu une augmentation suffisamment significative des demandes de réparation.

On rentre désormais dans une période où il faut faire connaître le fonds, continuer à sensibiliser et que les réparateurs se saisissent de cet outil pour en faire eux-mêmes la promotion. La montée en puissance va avoir lieu sur toute l’année 2023 et même plus tard. Les aides sont tout de même intéressantes. Combinées à une sensibilité des consommateurs qui s’accroît d’année en année, on peut vraiment penser que les demandes de réparation vont continuer à augmenter.

D’un côté des appareils beaucoup moins énergivores, de l’autre une incitation à réparer pour allonger la durée de vie des produits. Alors que faire en priorité ? Réparer ou acheter des appareils plus innovants, plus performants, moins énergivores ?

C’est une question d’équilibre. Il n’y a que le bon sens pour répondre à cette question. L’Ademe, par exemple, ne s’est jamais prononcé sur un âge à partir duquel il serait préférable de remplacer un appareil. Cela dépend des produits. De plus, les gains qu’on a fait les 20 dernières années en matière d’économies d’énergie, on n’est pas sûrs de pouvoir faire les mêmes dans les 30 prochaines années. Donc on ne peut pas dire par exemple qu’au bout de 10 ans, il vaudrait mieux changer d’appareil. Les choses évoluent et il n’y a pas de critère défini. C’est là que le consommateur devient vraiment acteur. C’est à lui de faire un choix en fonction de ses besoins personnels et de la manière dont ils évoluent.
On garde un gros appareil électroménager entre 10 et 13 ans en moyenne. Quand l’appareil tombe en panne dans cette période, la question peut se poser : est-ce qu’on souhaite le faire durer encore parce qu’il s’agit d’un appareil de marque ; si les besoins n’ont pas vraiment évolué, la réparation peut valoir le coup…

“ L’indice de réparabilité était déjà un challenge ; l’indice de durabilité en est un encore plus complexe. ”

En 2024, l’indice de réparabilité deviendra un indice de durabilité. Le Gifam participe activement aux travaux. Où en sont-ils ? Sait-on exactement quand il sortira ?

Les travaux avancent et ils avancent vite, même si ça n’est pas simple. L’indice de réparabilité était déjà un challenge ; l’indice de durabilité en est un encore plus complexe. Il faut se mettre d’accord sur des protocoles beaucoup plus complexes parce qu’il faut être en capacité d’évaluer la résistance des appareils notamment. De plus, il s’agit de tests qui s’effectuent sur de longues périodes. Dans le cas de l’indice de réparabilité, les entreprises ont dû faire beaucoup de tests, mais la réparabilité est étudiée à un instant T, tandis que pour tester la durabilité, les tests sont obligés de s’étendre dans la durée. La mise en œuvre de cet outil va être plus longue.
On attend des règles de normalisation qui sont en cours d’élaboration au niveau européen et dont on a vraiment besoin pour faire ces tests. Ensuite, il faudra un certain temps également pour réaliser ces tests. En 2024, une méthodologie sera probablement fixée. Mais l’arrivée de cet outil en magasins sera sans doute un peu plus tardive (peut-être fin 2024 ou début 2025).
Sur cet outil, on a impliqué les groupes européens pour nous aider à élaborer cette méthodologie. L’engagement de la profession est vraiment très important, beaucoup de marques s’impliquent. Et si l’indice de réparabilité commence à « faire des petits » au niveau européen, en ce qui concerne l’indice de durabilité, la France reste précurseur. On peut donc se dire qu’à moyen, voire à long terme, ce sera peut-être un outil qu’on verra apparaître dans d’autres états.

Si ces indicateurs permettent de choisir des produits plus réparables et bientôt plus durables, l’entretien est primordial pour assurer une longue vie aux appareils. Comment mieux le faire savoir aux consommateurs - est-ce le rôle du Gifam, des fabricants, des distributeurs, des réparateurs ?

C’est un travail qui doit être fait par tous, chacun apporte sa pierre à l’édifice. Il faut continuer à porter la bonne parole. Les médias le font, il y a aussi pas mal de personnes qui rendent les choses un peu ludiques sur les réseaux sociaux, il y a même eu des émissions de TV. Les marques s’y attèlent et mènent un travail pour tenter de faciliter ces actes d’entretien (des voyants qui clignotent quand un détartrage est nécessaire, des robots culinaires qui s’auto-nettoient…). Les réparateurs ont aussi un vrai rôle à jouer et d’ailleurs ils le font en donnant quelques conseils, qui ont un impact particulier, qui marquent peut-être plus.

L’électroménager fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large

"Quand on voit les chiffres sur l’entretien issus de l’étude Gifam Insights (NDLR : présentée lors de la conférence annuelle du Gifam), on constate qu’il y a au moins une prise de conscience des consommateurs, même si les consignes d’entretien ne sont pas toujours suivies".

La filière électroménager fait savoir son implication dans l’écoresponsabilité notamment à travers des publicités responsables. Les fabricants sont d’ailleurs un certain nombre à avoir souscrit aux contrats climats ?

99% d’entre eux ont rempli leurs obligations de s’inscrire et de se déclarer sur la plateforme étatique parce qu’ils rentraient dans le scope en fonction de leurs dépenses et des produits qu’ils couvraient. Et ce n’était pas si simple. On estime que 92% des produits électroménagers mis sur le marché le sont par des entreprises qui ont contracté un contrat climat.
Il y a une vraie volonté du gouvernement de faire bouger les lignes sur la pratique publicitaire. La filière électroménager n’était pas la première visée, cela fait des années que l’on communique sur des produits responsables. Mais au Gifam, on a vraiment pris le dossier à bras le corps, on a aidé les entreprises à comprendre le procédé mis en place. Cela leur a permis en interne de faire le point, d’améliorer la communication entre les services (communication, marketing, RSE…), de faire émerger ce qui existait déjà puis d’aller plus loin dans les bonnes pratiques.
Cette démarche est intéressante parce que les engagements sont multiples. Il faut d’abord s’engager à communiquer en priorité sur des produits écoresponsables (sur des critères comme l’indice de réparabilité, l’écoconception, les consommations d’énergie…). Cela concerne aussi les tournages des publicités : faire en sorte qu’ils soient moins impactants d’un point de vue environnemental, que des modes de vie sains y soient promus… L’idée de ces contrats climats est vraiment d’aller plus loin et de mettre en place petit à petit des critères qui permettent d’évaluer la progression dans le temps.
On voit à quel point les mentalités ont bougé et des freins se sont levés. On fait partie des industries qui contribuent vraiment à améliorer notre société au sens large ; on prend notre part.

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