La reprise de Conforama par le groupe But enfin validée

La reprise de Conforama par le groupe But enfin validée

le 29 avril 2022
Partager sur

Il aura fallu pratiquement deux ans pour que la reprise de Conforama par Mobilux, la société mère du groupe But soit complètement validée par l’Autorité de la Concurrence. Pour la première fois de son histoire, celle-ci a appliqué le critère de l’entreprise défaillante et autorisé l’opération sans remède". Elle a notamment considéré que les effets de la disparition de Conforama "ne seraient pas moins dommageables que la reprise par But, celle-ci permettant d’assurer un maintien de la diversité de l’offre".

La reprise de Conforama par le groupe But enfin validée

En juillet 2020, l’Autorité de la Concurrence avait autorisé Mobilux (société mère du groupe But) à acquérir Conforama sans attendre son examen au titre du contrôle des concentrations. Au terme de son analyse, l’Autorité a considéré que l’opération entraînerait trois grandes catégories de risques d’atteinte à la concurrence, dont Mobilux n’a par ailleurs pas été en mesure de démontrer qu’ils pourraient être contrebalancés par des gains d’efficience.

En  dépit de ces risques, l’Autorité a autorisé l’opération sans engagement, en application de l’exception de l’entreprise défaillante. L’exception de l’entreprise défaillante consiste à autoriser sans condition la reprise par un concurrent d’une entreprise qui disparaîtrait à brève échéance si l’opération n’était pas réalisée, et ce même si l’opération porte atteinte à la concurrence.
Cette faculté particulière a été très peu utilisée en Europe. Depuis qu’elle a reçu en 2009 la compétence de contrôler les concentrations, l’Autorité n’en avait jamais fait application compte tenu du caractère très strict des critères d’appréciation.

Les risques concurrentiels identifiés

Au terme de son analyse, l’Autorité a considéré que l’opération entraînerait trois grandes catégories de risques d’atteinte à la concurrence.

Le risque de création ou de renforcement d’une puissance d’achat de nature à placer les fournisseurs de produits de literie en état de dépendance économique
À l’issue de l’opération, la nouvelle entité représentera près de 50 % du marché de la distribution de produits de literie en France. Par ailleurs, plus de la moitié des fournisseurs communs de literie des parties réaliseront une part substantielle de leur chiffre d’affaires avec la nouvelle entité. Or, sur un marché de dimension nationale, les alternatives à la nouvelle entité sont très limitées. De plus, les autres acheteurs ont des volumes très réduits par rapport à ceux des parties.

Le risque d’une dégradation des conditions contractuelles des franchisés présents dans les DROM
But et Conforama sont les deux principaux groupes qui proposent des franchises dans le secteur des produits d’ameublement dans les DROM. Par conséquent, l’opération entraîne la disparition d’une alternative pour les franchisés qui se retrouveraient principalement face à un seul groupe franchiseur actif dans le secteur de l’ameublement à l’issue de l’opération. L’Autorité a ainsi considéré qu’il existait un risque de dégradation des conditions contractuelles des franchisés dans les DROM, avec par exemple, un risque d’augmentation de la redevance due au titre du contrat de franchise.

Les risques liés aux chevauchements d’activité sur les différents marchés aval de la distribution au détail de produits d’ameublement
À l’occasion de l’examen de cette opération, l’Autorité a sensiblement fait évoluer sa pratique décisionnelle concernant la distribution de produits d’ameublement. L’Autorité a ainsi considéré qu’il n’était plus pertinent de retenir un marché global de l’ameublement mais qu’il convenait de segmenter ce marché en six grandes familles de produits (meubles meublants, meubles rembourrés, literie, cuisines, meubles de salle de bain et dressing). L’Autorité a également considéré qu’il était pertinent d’opérer une segmentation selon la gamme de prix. Enfin, l’Autorité a considéré que les ventes en magasins physiques et en ligne de produits d’ameublement appartenaient à un même marché, dans la lignée de décisions antérieures comme celle de 2016 sur le rapprochement entre la Fnac et Darty.
Si l’opération ne fait pas apparaître de problèmes de concurrence s’agissant des meubles de cuisines, l’Autorité a considéré au terme de son analyse que l’opération entraînait des risques d’atteinte à la concurrence dans 4 zones de chalandise s’agissant des meubles rembourrés, 35 zones s’agissant des meubles meublants et 40 zones s’agissant des meubles de literie, soit en enlevant les doublons 56 zones.

L’application inédite de l’exception de l’entreprise défaillante

Au cours de l’instruction, et faisant valoir les importantes difficultés financières rencontrées par Conforama, la partie notifiante a invoqué l’exception de l’entreprise défaillante. L’exception de l’entreprise défaillante consiste à autoriser sans condition la reprise par un concurrent d’une entreprise qui disparaîtrait à brève échéance si l’opération n’était pas réalisée, même si l’opération porte atteinte à la concurrence.
Depuis qu’elle a reçu en 2009 la compétence de contrôler les concentrations, l’Autorité n’avait jamais fait application de cette faculté particulière, compte tenu du caractère très strict des critères d’appréciation.
Dans sa décision de 2004 sur le rapprochement entre Seb et Moulinex, le Conseil d’Etat a identifié trois critères cumulatifs qui doivent être remplis afin de considérer que l’exception de l’entreprise défaillante peut s’appliquer :

critère 1 : les difficultés de l’entreprise cible entraîneraient sa disparition rapide en l'absence de reprise ;
critère 2 : il n'existe pas d'autre offre de reprise que celle de la partie notifiante moins dommageable pour la concurrence, portant sur la totalité ou une partie substantielle de l'entreprise ;
critère 3 : la disparition de la société en difficulté ne serait pas moins dommageable pour les consommateurs que la reprise projetée.

Compte tenu des importantes difficultés financières rencontrées par Conforama et de l’absence d’offre alternative à celle de Mobilux moins dommageable pour la concurrence, l‘Autorité a considéré que les deux premiers critères étaient remplis.
Afin de vérifier que le troisième critère était rempli, l’Autorité s’est d’abord assurée que les actifs de la cible auraient inéluctablement disparu (critère 1). Elle a ensuite mené une large consultation auprès de l’ensemble des acteurs du marché. Cette consultation a permis de confirmer l’absence de manifestation d’intérêt émanant d’opérateurs actifs sur les marchés identifiés comme problématiques, c’est-à-dire les meubles meublants, rembourrés et de literie (critère 2). L’Autorité a enfin comparé les effets d’une disparition des actifs de la cible à ceux d’une reprise par Mobilux s’agissant de chacun des risques concurrentiels identifiés. Elle a considéré que les effets de cette disparition ne seraient pas moins dommageables que la reprise par But, cette reprise permettant d’assurer un maintien de la diversité de l’offre. L’Autorité a donc considéré que le troisième critère était rempli.
Par conséquent, en dépit des risques concurrentiels identifiés, l’Autorité a autorisé l’opération sans engagement, en application de l’exception de l’entreprise défaillante.

En savoir plus
2021 bien meilleure année que 2020 pour le marché de l'ameublement
Partager sur
Les marques en campagne
A lire également
Cliquez ici
pour recevoir la Newsletter
OK

Quelle utilisation de votre adresse email ?


Neomag ne vous demande que votre adresse email afin de vous envoyer notre lettre d'information.

Vous pouvez à tout moment vous désinscrire en cliquant sur le lien en fin de lettre, ou en nous envoyant un mail à contact@neomag.fr

Neomag s'engage à ne pas louer ni vendre ni céder votre adresse mail à une autre société.

La durée de vie de conservation de votre adresse dans nos fichiers est maximale, ne s'interrompant qu'à votre demande.

Pour plus d'informations, vous pouvez consulter nos mentions légales et la partie consacrée au respect du RGPD

Pour accepter de recevoir la lettre d'informations Neomag, merci de bien vouloir inscrire votre adresse mail.

Je refuse
J'accepte