À l'heure où l'immobilier redémarre timidement et où les Français repensent leur manière d'habiter, son président, les organisateurs dressent un constat clair : la valeur n'est plus dans la surface, mais dans l'usage, le confort et la durabilité. Pour eux, cette reprise qualitative ouvre une ère nouvelle pour la filière ameublement, literie, cuisine et contract. Un moment clé pour interroger les transformations profondes de l'habitat et le rôle stratégique des industriels et distributeurs dans cette mutation.
EspritMeuble 2025 : 4 jours pour se projeter sur la création de valeur en 2026
C’est dans un marché en mutation accélérée, que le salon EspritMeuble 2025 ouvre ses portes. Avec pour devise « Unis pour réussir », les organisateurs se sont activés depuis des mois pour que les acteurs de la filière puissent se retrouver autour de leviers de croissance et d’innovation. Réunies à Paris durant 4 jours sur 45 000 m2, plus de 400 marques y dévoilent plus que des nouveautés produits : des solutions concrètes pour réaliser un business durable en 2026. Le décryptage de Gaëtan Menard, Président du salon.
La tendance reste négative mais s'atténue
En 2024, le marché du meuble domestique français a reculé de –5,1 % en valeur, pour un chiffre d'affaires estimé à 13,8 milliards d'euros, pénalisé par le ralentissement immobilier et l'arbitrage des ménages sur les dépenses d’équipement.
En 2025, la tendance reste négative mais s'atténue : à fin août, le marché affiche un recul cumulé de –2,5 %, après un été marqué par un léger rebond de +2,7 % en août seul (IPEA août 2025). Hors cuisine et literie, la baisse atteint –3,9 %, confirmant la meilleure résistance des segments de confort. La literie demeure stable (–1 % sur huit mois), tandis que la cuisine retrouve des volumes positifs en juillet et août. Les perspectives de fin d'année laissent entrevoir une stabilisation autour de –2 % à –3 %, soutenue par le redémarrage progressif de l'immobilier et la demande croissante pour le mobilier durable et personnalisable (IPEA, sept. 2025).
Le marché immobilier français entre dans une phase de reprise mesurée
Cette année les transactions devraient atteindre 960 000 ventes en 2026 contre 900 000 en 2025 (MeilleursAgents, sept. 2025). Les taux d'intérêt se stabilisent autour de 3,5 % à 4 % (Banque de France, sept. 2025), offrant un nouveau souffle aux acheteurs. Les prix des logements anciens devraient progresser de +1 % à +2 % en 2025, puis de +2 % à +3 % en 2026 (Notaires de France, août 2025). Dans le neuf, la situation reste tendue avec une baisse de –25 % des mises en chantier sur 2024-2025.
Les ménages sont désormais 68 % à privilégier le "mieux habiter" plutôt que le "plus grand". La rénovation énergétique devient moteur : le secteur devrait croître de +6 % en 2026, stimulé par MaPrimeRénov' et les nouvelles normes RE2025. L'écart de prix entre les biens performants et les passoires thermiques dépasse déjà +17 % (Notaires de France, juin 2025).
Pour la filière ameublement, cette dynamique amorce un nouveau cycle : plus de projets, plus de valeur, plus de confort. L'habitat repart autrement — moins de mètres carrés, mais davantage de sens, d'usage et de durabilité.
Le retour du "mieux consommer »
Après des années d'hyperconsommation, 72 % des Français déclarent vouloir "acheter moins, mais mieux" (source IPEA 2025). Une démarche qui passe par le durable, le réparable et l'éco-conçu mais qui se tourne également vers le design intemporel, la qualité des matériaux et la traçabilité des produits.
De ce fait, l'envie de soutenir la fabrication française et européenne s'intensifie. 63 % des acheteurs se déclarent prêts à payer plus cher pour un produit "Made in France" ou européen. Les fabricants français et européens bénéficient de cette orientation. La proximité, la traçabilité et la qualité deviennent différenciatrices.
Le confort émotionnel comme critère d’achat
La maison reste le refuge post-crise et 81 % des ménages affirment vouloir renforcer le confort de leur intérieur. La literie haut de gamme, les assises ergonomiques et les matières sensorielles répondent à cette recherche de bien-être global, physique et psychologique. La déco apaisante et les formes enveloppantes incarnent ce nouvel art de vivre.
On constate aussi que le « slow living » s'impose et conduit à moins d’achats, mais mieux pensés. Ainsi, les fabricants repensent des gammes plus premium, intègrent plus de personnalisation et proposent des services prolongés (réparation, revente).
La personnalisation prend tout son sens pour satisfaire des consommateurs qui aspirent à des intérieurs à leur image. Cette attente stimule l'innovation industrielle avec de la fabrication à la demande, des outils 3D immersifs et des productions locales sur mesure. De la couleur aux finitions, en passant par la configuration, tout devient personnalisable.
D'une part, les espaces domestiques deviennent hybrides. Les habitations sont des espaces dans lesquels les gens vivent, seuls, en colocation ou en famille, et désormais dans lesquels ils travaillent, ils font leur sport, ils accueillent des amis... D'autre part, le logement se densifie, les surfaces se réduisent à l'échelle urbaine. Le consommateur raisonne davantage en volume qu'en surface pour optimiser. Ce qui oblige les fabricants à repenser le mobilier vers davantage de modularité et de multifonction, avec des solutions compactes, modulables, du stockage intégré. L'intégration digitale (prises USB, éclairage intégré, connectivité) devient un atout.
Le digital comme accélérateur de confiance pour le consommateur
Le chiffre d'affaires généré par le e-commerce (pure players + réseaux physiques en ligne) représente plus de 20 % du marché. Le parcours client s'hybride : les achats se décident en ligne mais se concrétisent en magasin. Le client veut participer à la configuration de son produit (finitions, dimensions, modules) et les outils en ligne (configuration 3D, AR) se généralisent. La boutique/phygitale doit offrir une expérience fluide : numérique + tactile + conseil. Les services associés (installation, reprise, recyclage) deviennent autant valorisés que le produit. La réalité augmentée, les configurateurs 3D et les avis vérifiés redonnent du poids à l'expérience omnicanale, centrée sur la transparence.
B2B : le segment du contract et des usages collectifs est en croissance
Le marché contract (hôtellerie, tertiaire, logements collectifs) est un relais stratégique face à un marché domestique ralenti. Les exigences sont fortes : durabilité, service, modularité, personnalisation, logistique (maintenance, démontage). Le design des espaces collectifs emprunte aux tendances grand public mais avec des contraintes supplémentaires que sont l'usage intensif et l'évolutivité. Tous les savoir-faire de l'aménagement de la maison sont à EspritMeuble et à découvrir via son secteur EspritContract.
Sur le salon, 45 conférences pour décrypter les mutations du marché
Le plateau TV d'EspritMeuble 2025 propose quatre jours de contenus exclusifs autour des grands enjeux du secteur avec 120 intervenants sur 45 conférences et talks. Ces experts, industriels, distributeurs, designers et médias, y partagent leur vision sur la transition écologique, la digitalisation, la personnalisation et les nouveaux comportements d'achat.


