Le point de départ de Discac, c’est la réponse à un besoin consommateur de 1990 qui est toujours d’actualité. À cette époque, un fringant quadragénaire, agent commercial dans le métier de la cuisine, a la conviction de pouvoir faire mieux que les leaders du marché, qui mettent alors 2 à 4 mois à fabriquer une cuisine. Son constat : certains clients ne veulent pas attendre aussi longtemps. Il commence par acheter quelques caissons en kit, des façades et des modèles assez rustiques de l'époque. Il stocke ces éléments dans un dépôt et parcourt la France en promettant aux cuisinistes de leur livrer des cuisines sous 3 jours plutôt que sous 3 mois. Cet homme, c’est le père de Cédric Gauchet, l’actuel dirigeant. Guidant le projet depuis le début, cette promesse fondamentale de Discac repose sur trois piliers (prix, délais, service) et reste une réalité aujourd'hui, malgré un environnement qui a considérablement évolué depuis la création de l’entreprise.
Comment Discac veut devenir le 3e fabricant français de cuisines montées d'ici 2030 ?
2025 est une année intense pour le fabricant girondin. Quelques mois après le lancement de sa nouvelle collection de mobilier de salles de bains, il dévoile à Paris sa collection de cuisines 2026-2027 sur le salon EspritMeuble. La crise du secteur ? Une opportunité pour investir et accélérer. Tout en restant fidèle aux fondamentaux (prix, délais, service) posés à la création de l’entreprise il y a 35 ans.
« Le secteur reste structurellement attractif grâce à des marges préservées par la complexité de la vente/pose et une moindre exposition aux marketplaces »
« Notre secteur traverse une crise brutale depuis 2 ans, probablement la pire des 40 dernières années en termes de baisse des chiffres, expliquait avec lucidité Cédric Gauchet lors d’un événement rassemblant ses clients à la Cité du Vin de Bordeaux pour fêter les 35 ans de l’entreprise. Cependant, il y a des signaux positifs qui laissent penser que le marché a peut-être touché le fond et pourrait remonter, bien que rien ne soit encore massif ou extraordinaire. La tendance 2025 apparaît stable, avec des reprises hétérogènes. Le secteur reste structurellement attractif grâce à des marges préservées par la complexité de la vente/pose et une moindre exposition aux marketplaces, contrairement au meublant. Également, ce taux d’équipement de 75 % nous laisse un potentiel de rattrapage face à des voisins européens qui sont à plus de 90 % ». Sur le long terme, Cédric Gauchet affiche donc une vision plus que jamais positive, focalisée sur le service, la personnalisation et une gestion prudente compte tenu de la conjoncture tendue.
Disposer de la taille critique sur un marché en concentration
Comme beaucoup de secteurs industriels en France, celui de la cuisine montée se concentre fortement. Face à cela, Discac a choisi de se placer dans une dynamique industrielle et commerciale de croissance.« Entre 2008 et 2025, le nombre de fabricants français de meubles de cuisine montés dépassant 10 millions d’euros de CA est passé de 25 à 11, souligne Cédric Gauchet. Sur cette période, les deux groupes industriels leaders ont doublé de taille tandis que beaucoup de petits et moyens ont disparu. Dans le même temps, la compétition s’est intensifiée avec la présence d’acteurs allemands de très grande taille, rendant indispensable l’augmentation de la taille critique pour notre entreprise ».
Discac s’est développée organiquement, passant de 11 millions d’euros de CA en 2009 à 34 millions l’an dernier. Aujourd’hui, l’industriel, qui dispose désormais de deux sites de production, vise la barre des 50 millions d’euros de CA en 2030, ce qui lui permettrait de devenir le 3e fabricant français de cuisines montées, derrière les groupes Schmidt et Fournier, et le premier parmi ceux qui ne distribuent pas exclusivement via leur propre réseau.
Investissements et exigences opérationnelles
Cette stratégie de croissance exige des investissements lourds, une expertise accrue et la gestion de nouvelles contraintes (réglementaires, environnementales, informatiques). « ERP, CRM, outils métiers… Ces coûts nouveaux sont devenus une nécessité et doivent être amortis sur des volumes plus élevés. Il y a 15 ans, investir 4 millions d’euros n’aurait pas été possible avec un CA de 11 millions », déclare Cédric Gauchet.
Ainsi, sur le plan industriel, une véritable ligne de façades de niveau industriel a été mise en place. « Nos produits best-sellers (Opale, Topaze) n’auraient pas été réalisables avec les machines de 2012, dont le niveau de qualité ne serait plus accepté aujourd’hui, indique Patrick, le Directeur des Opérations. »Discac a également investi sur l’humain. Face à la forte montée des exigences clients, l’équipe Qualité a été étoffée : cinq personnes y sont désormais dédiées à plein temps. Des experts ont aussi été recrutés dans des métiers qui n’existaient pas il y a 15 ans (bases de données, outils logiciels, contraintes environnementales et réglementaires).
Nouvelle collection pop et tendance sans augmentation tarifaire
Le segment sur lequel opère Discac, et sur lequel il souhaite croître, est celui de l’entrée–milieu de gamme. Celui sur lequel l’enseigne suédoise bleu et jaune s’est imposée et lui a permis de prendre 25 % du marché français… Contrairement à d’autres fabricants français, Discac n’a pas vocation à faire connaître sa marque auprès du grand public.
« Nous pensons que, tout au long de leur projet cuisine, les consommateurs cherchent des concepts, de l’expertise, de l’accompagnement, de l’écoute et du service plutôt qu’une marque spécifique, indique Romain Langagne, Directeur Commercial et Marketing. C’est le métier de nos clients spécialistes : à nous de leur fournir le prix, le service et le produit “au niveau” des standards. »
Et c’est tout l’enjeu de la nouvelle collection de cuisines 2026-2027 qui est lancée aujourd’hui. Qualifiée d’audacieuse, pop et tendance, cette collection est la plus aboutie et la plus complète depuis le passage de l’entreprise aux meubles montés. Elle compte 400 nouveaux meubles, 91 nouveaux modèles de façades, 15 nouvelles poignées et 6 plans de travail. Le tout sans augmentation tarifaire, souligne-t-on chez Discac.
Forte de ces investissements dans l’outil industriel, les ressources humaines et l’innovation produit, l’entreprise va également devoir développer sa présence commerciale. Pour cela, elle mise sur l’ouverture de nouveaux comptes, mais également sur l’accroissement de sa part de marché chez ses clients multimarques.
Alors que le sujet du « made in France » est devenu critique dans certains secteurs industriels, celui de la cuisine a la chance de disposer encore d’entreprises françaises ambitieuses et dynamiques qui peuvent rivaliser avec les acteurs étrangers. Les cuisinistes ont tout à gagner à jouer la carte de ce "fabricant de meubles et de belles relations".« Entre le low-cost et la sur-qualité, il y a une vraie place pour des produits fiables, beaux, simples, fabriqués ici, au prix juste, résume Romain Langagne. » Tout est dit. Et c'est le bon moment pour le faire. Encore plus vite...


