Chez Conforama, l’angoisse monte

Chez Conforama, l’angoisse monte

le 10 octobre 2019
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Depuis l’annonce de la restructuration de Conforama en juillet dernier, l’activité dans les magasins concernés par le plan est impactée par des grèves à répétition relayées chaque semaine par la presse régionale. Un nouveau PDG vient d'être nommé. Comment cela va-t-il évoluer ? Pour le savoir nous avons contacté la direction du groupe ainsi que les syndicats de salariés.

Robert Mauss

Malgré leurs divisions sur les méthodes et les actions à conduire, les syndicats de Conforama ont une vision commune de l’avenir de l’enseigne : selon eux, le plan social s’annonce dramatique et surtout ne constitue qu'un hors d'oeuvre. De son côté, la direction de l'enseigne se veut rassurante. "L’ambiance est très tendue chez Conforama, indique Amar Lagha, secrétaire général de la CGT Commerce. Nous conduisons des négociations très compliquées pour contrer un plan social qui s’annonce dramatique, même si nos chances d’aboutir à un accord correct sont minimes." Même son de cloche pour Jacques Mossé-Biaggini, délégué syndical Force Ouvrière. "Les gens vont travailler la boule au ventre. Au siège où l’on attend une centaine de licenciements, chacun se regarde en chien de faïence, en se demandant qui partira et qui restera. L’ambiance est telle que les dépressions et les arrêts de travail se multiplient". Pour éviter des drames, les syndicats ont mandaté, via le Comité d’Hygiène et de Sécurité du groupe, des experts pour étudier une situation jugée plus que préoccupante. 

Aujourd’hui, les représentants syndicaux affirment qu’ils se heurtent à un mur. Il estiment que la direction générale de Conforama refuse de s’impliquer dans les négociations, malgré une volonté affirmée de boucler le dossier avant la fin de l’année et de procéder aux premiers départs à partir de janvier prochain. Les réunions se tiennent en présence exclusive de la direction du personnel. "Nous ne nous faisons aucune illusion, souligne Samar Lagha. Franck Deshayes (débarqué le 10 juillet NDLR) a été remplacé deux personnes dont la liquidatrice de Vivarte, Helen Lee Bouygues." Un bon point peut-être, Marc Ténart, un professionnel de la distribution vient d'être nommé PDG du groupe.  Quand à Cédric Dugardin, le directeur général, il a quité l'enseigne. Il était censé, selon direction ''assurer la transition''.  

 

Une perte accumulée de 500 millions d'euros depuis 2013 

A la CGT comme à Force Ouvrière, on estime que le plan de fermeture et de licenciements* n’est qu’un hors d’œuvre. « Vous vous rendez-compte que nous avons appris par la presse l’abandon de la filiale espagnole ? s’indigne Jacques Mossé-Biaggini. Les actionnaires se comportent comme des créanciers qui ponctionnent la trésorerie de l’entreprise autant que possible. Sur les 250 millions d’euros rapportés par la cession de la filiale ibérique, il n’y aura que 20 millions d’euros pour le siège de l’entreprise." Le reste servirait à couvrir les dettes considérables de Steinhoff et de ses dirigeants trainés en justice pour de graves malversations en Afrique du Sud. FO comme la CGT redoutent qu’après ce pillage organisé, d’autres magasins seront fermés jusqu’à la liquidation complète de l’enseigne.   

La direction de l'enseigne s'indigne de ces allégations. D'abord, la filiale ibérique n'est pas encore cédée. Ensuite, affirme-t-on au siège il n'y aura qu'un seul plan social. D'ailleurs, l'arrivée de Marc Tenart serait la preuve la plus évidente de la volonté de sauver l'enseigne. Dont les problèmes, ajoute-t-on ne sont pas dus au groupe Steinhoff mais à une perte accumulée de 500 millions d'euros depuis 2013.  "Aucune entreprise ne peut perpétuer ses activités dans ces conditions" explique la direction de Conforama.   

Les syndicats s'inquiètent également des conditions de départ des personnes licenciées. Pour financer le plan social la direction ne consent pour l'instant qu’au minimum légal soit une centaine de millions d’euros. Après soustraction des actions de formation et de reconversion imposées par la loi, il ne restera pas grand-chose pour aider les salariés licenciés. " Si la direction s’en tient à la stricte légalité explique le représentant de Force Ouvrière, les salariés toucheront un quart d’un mois de salaire par année de présence jusqu’à dix années et un-tiers au-delà. Après vingt ans de présence, par exemple, certains salariés obtiendront des indemnités d'environ 4 000 euros." Pour l'instant, la plupart des fournisseurs n’ont pas lâché l’enseigne, même si certains magasins avouent des ruptures de stocks. De leur côté, les clients manifestent encore leur attachement à l'enseigne et soutiennent les employés. Les pétitions proposées dans les magasins ou en ligne ont recueilli environ 15 000 signatures... 

* 32 magasins Conforama, 10 Maison Dépôt et 1 900 personnes

 

En savoir plus

Conforama nomme Marc Ténart comme nouveau PDG 25/09/2019

 

 

 

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