iPad : que va y gagner la distribution ?

iPad : que va y gagner la distribution ?

le 29 janvier 2010
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Steve Jobs, une fois de plus, vient de réinventer l'informatique grand public. Après le Mac, l'iMac, l'Ipod, l'Iphone, il enfonce le clou avec l'iPad. Comme à chaque lancement, il déchaîne un buzz incroyable qui dépasse le cercle des technophiles, avec ses fans et ses détracteurs. Véritable révolution et « Netbook killer » pour les uns, concept en devenir pour d'autres... D'ici sa sortie prévue en juin 2010 pour la France, l'iPad fera couler beaucoup d’encre dans les médias. Les autres tablettes vont-elles du coup sortir de sortir de l'ombre ? La distribution va-t-elle en profiter ?

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27 janvier, 19 heures, heure de Paris, Steve Jobs démarre sa keynote en Californie. Effervescence sur le web. Les geeks ne dînent pas devant leur télé. Ils suivent la conférence relayée en temps réel par les journalistes et blogueurs sur place. Les sites spécialisés suivent le fil. Les commentaires fusent. Des types du monde entier, sur des fuseaux horaires différents, réagissent sur Facebook, sur Twitter. La blogosphère surchauffe, les sites techno font des pics d’audience, les réseaux saturent… Et là, on se demande, très sincèrement, quelle autre marque à aujourd’hui la capacité à susciter un tel buzz médiatique pour le lancement de ses nouveautés ? Là-bas, Saint Jobs est assis dans un fauteuil. Calme comme un moine soldat, il lance sa démo, tablette sur les genoux. Bien sûr, il n’y a plus le noeux papillon et les cris d’hystérie comme à la présentation du premier Mac en 1984. Imac, Ipod, Iphone : les fans se sont un peu habitués. Mais plus de 25 ans après, le sentiment de vivre un moment d’Histoire perdure… Début des slides. « La dernière fois qu’il y a eu autant d’excitation sur une tablette, il y avait quelques commandements inscrits dessus ». Une citation du Wall Street Journal. Elle est accompagnée d’une image messianique, celle de Moïse recevant les Tables de la Loi… Narcissisme absolu ou 3ème degré. Steve Jobs présente alors la machine unimedia, celle qui réunit tout sur une seule plate-forme. Est-ce l’an I du 5ème écran ?


Apple a-t-il créé le chaînon manquant ?
Ipad est un livre. Après l’ItuneStore, l’AppStore voici Ibookstore. Sur ce magasin en ligne, des livres électroniques seront commercialisés à partir de 4,99 dollars. Ipad est un journal. Un dirigeant du New York Times présente son application qui permet de feuilleter le quotidien dans sa version électronique. L’avenir pour les éditeurs de presse ? Ipad est une console de jeux. Les français de Gameloft sont là et présentent un nouveau jeu qui exploite à fond l’accéléromètre et la boussole intégrés. Ipad est un moniteur multimédia. Il permet de lire de la vidéo en HD 720 p. Ipad est un gros Ipod Touch. Les applications de l’Iphone seront toutes compatibles et les développeurs peuvent d’ores et déjà commencer à développer de nouvelles applications pour cette interface. Apple à déjà développé une nouvelle version d’IWork, la suite intégrée maison. Toute son interface a été repensée et optimisée pour la tablette. Et l’application sera compatible avec celles des Mac. Le processeur tourne à 1 Ghz et la machine est annoncée pour 10 heures d’autonomie. Et pour les adeptes d’un usage bureautique intensif qui serait rebutés par le clavier virtuel, Ipad propose également un clavier et un dock disponibles. En option, certainement.


Prévisible montée en puissance médiatique d’ici juin 2010
La machine sera lancée d’ici deux mois aux USA à partir de 499 € pour le modèle 16 Go. Les modèles Ipad 3G ne seront pas simlockés et utiliseront les nouvelles cartes Micro SIM. Pour les USA, Apple annonce un accord avec AT&T avec notamment une formule d’abonnement 3G illimité et l’usage des hotspots Wi-fi de l’opérateur pour 29,99 dollars par mois.  Pour le reste du monde, et donc la France, il faudra patienter jusqu’au mois de juin. Gageons que d’ici là, les informations sur les tarifs vont se préciser. Bien sûr, il y a déjà des grincheux pour trouver que le produit manque d’une webcam, que 64 Go ce n’est pas suffisant. Mais à moins de 500 dollars, soit un peu plus de 350 €, c'est-à-dire le prix d’un Netbook, la concurrence risque, une fois de plus, de devoir patiner derrière pour que s’affirme un vrai  « Ipad killer ». D’ailleurs où en sont les « iPod killers » et autres « iPhone killers » que l’on nous avait maintes fois annoncés ?

 


Un produit d’image créateur de trafic ?
Dans un premier temps, Ipad va certainement séduire les fans de la marque. Dans les forums ou sur les blogs, les premières réactions sur le prix sont très intéressantes. Certains le trouvent cher par rapport à un Netbbok, mais les inconditionnels le trouvent plutôt bon marché. N’oublions pas, qu’Apple se considère toujours comme une marque premium de la High Tech et que Steve Jobs est un expert pour susciter le désir. Au lancement du premier Iphone, on a vu des teenagers économiser des mois pour se payer le téléphone magique. Ipad va donc se vendre c’est sûr. Certains analystes, estiment que 4 millions d’unités pourraient être vendues dans le monde dés la première année. Du côté des professionnels, c’est également positif : les éditeurs de presse (qui y voient un nouveau moyen de reconquérir des abonnés) et les éditeurs de livres (qui y voient à une alternative à Amazon) fondent pas mal d’espoirs sur iPad.


Eco-système et ventes additionnelles ?
Mais la distribution physique en profitera-t-elle aussi ? Pas grand-chose à gagner pour ce qui est de la vente de contenus, le système est clairement verrouillé. Pour la vente du matériel, il est bien connu que les niveaux de marge d’Apple ne sont pas élevés. Pendant des années, la marque n’a pas été présente chez de grandes chaînes de GSS. Mais quand l’Ipod a commencé à peser l’essentiel du marché des baladeurs multimédia, difficile d’avoir une crédibilité de spécialiste sans en avoir en rayon. C’est là la toute puissance de ce genre de marque mondiale. Elle ne sont qu’une poignée. Des hypers qui avaient boycotté un temps Coca-Cola sont vite revenus en arrière… Outre la création de trafic d’une clientèle plutôt dépensière que génère la présence d’un rayon ou d’un corner Apple, l’autre intérêt réside dans l’éco-système que la marque génère à chaque fois. Si la distribution a peu gagné sur les ventes d’iPod, elle s’est largement rattrapée sur celles d’accessoires, de casques, docks-stations, housses et autres « produits margeux ».


iPad interpelle sur l’organisation de l’offre et le positionnement stratégique
L’essentielle qualité de Steve Jobs est que ce type « pense comme un utilisateur final » résume l’écrivain Dans Lyon sur un blog consacré au patron d’Apple. Le lancement de l’Ipad pourrait même entraîner les enseignes de GSS à repenser l’organisation de l’offre autour de la tendance tactile et des dernières tablettes récemment sorties telles que le Toshiba JournE où encore l’Archos 5  mais qui n’ont pas bénéficié du même buzz. Forcément le merchandising devra évoluer. Pour les spécialistes de proximité, très centrés sur la vente de téléviseurs et d’électroménager, une machine comme l’iPad pose une fois de plus la question criante de leur absence sur les marchés de la convergence numérique et des produits connectés. «Ne rêvons pas, indique un fournisseur. En 2010, si les tradis arrivent à enrayer la chute des prix moyens en vendant des TV LED avec du Web Access, ce sera déjà bien… »


Intégration verticale quand tu nous tiens
Reste que si le fan d’Apple ne trouve pas son iPad en magasin, il n’hésitera pas à aller directement chez la marque, quitte même à y acheter ses accessoires… En 2009, un tiers des ventes de cette entreprise (qui a généré plus de 15 milliards de dollars et 3,3 milliards de bénéfices nets) a été généré par son propre réseau (site+magasins). Et gardons en mémoire que la France est désormais au premier plan dans le programme d’ouverture de magasins AppleStore. Et pas uniquement à Paris...


En savoir plus
Apple lance ses Store en France 06/11/2009

Voir la vidéo de démonstration de iPad (en anglais)


Point de vue « Un écosystème tout entier qui pourrait basculer dans le tactile »
« Ce qui est vraiment révolutionnaire, ce que démocratise désormais Apple avec cette tablette, c’est une nouvelle manière d’interagir avec le monde numérique », explique Xavier Paulik, CEO de Tiki’labs, jeune start-up française spécialisée dans les interfaces tactiles.
« Une nouvelle génération d’équipements, qui se manipule directement et intuitivement avec ses doigts (la souris a définitivement disparu), où le contenant est réduit à sa plus simple expression – un écran – et où la valeur est dans le contenu. Une nouvelle manière de consommer, immédiate, impulsive, « over the air », héritée directement des succès d’iTunes puis de l’AppStore, qui gomme les frontières, fait tomber les verrous et décoller les usages… Si Steve Jobs réussit son pari, il entraîne toute l'industrie derrière lui et c'est l'écosystème tout entier qui bascule dans le tactile, en créant une brèche dans laquelle de nouveaux acteurs peuvent aussi s’engouffrer.
Le marché des écrans tactiles affiche une croissance vigoureuse et génèrera au total plus de 4,4 milliards de dollars en 2012. Partout où il y a de l’électronique grand public et professionnelle, les écrans tactiles vont se multiplier, avec deux technologies qui s’affrontent : le « mono-point » et le « multi-point ». Ce dernier, défendu par Apple, devrait rapidement prendre le dessus sur le mono-point aujourd’hui encore majoritaire, notamment sur les téléphones portables.
 Le « multitouch » ouvre de nouveaux usages, dont les fameuses « tables tactiles » de Microsoft, avec un prix encore prohibitif pour le grand public mais dont les coûts de fabrication chuteront avec la démocratisation des usages. S’ouvrira alors une nouvelle voie, avec une nouvelle ergonomie, et la nécessité de refondre les logiciels en profondeur pour tirer parti de ces nouvelles capacités d’interaction. Et c’est là que nos startups françaises, particulièrement en pointe dans le domaine du tactile et de ces nouveaux usages, peuvent tirer parti de cette nouvelle donne et tenter d’imposer ce que l’on appelle déjà la « french touch ».
Plusieurs de ces startups sont déjà reconnues internationalement et peuvent tirer leur épingle du jeu. Que ce soit dans le domaine du hardware - avec les écrans tactiles multipoints, les technologies d’ondes acoustiques ou de lumière infrarouge pour la détection des mouvements des doigts – ou dans le domaine du logiciel - avec une pléiade d’acteurs déjà positionnés sur de nouvelles interfaces innovantes, les Français font leurs armes et engrangent du savoir faire stratégique sur les Tabbee et autres Hubster de nos opérateurs lancés en 2009, ou dans des domaines professionnels comme la santé ou les transports publics. En 2008 des marchés comme celui de l’armée ou de l’automobile représentaient déjà 3,2 milliards de dollars de chiffre d’affaire.


 

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