Sandra Nicoletti

« La situation est grave. En 35 ans, je n'ai jamais vu ça... Mais il ne faut pas baisser les bras. La coopérative Euronics est solide financièrement. Elle doit adapter ses charges et ses structures mais elle a de bons permanents »  a déclaré le Président Hubert Fabien, en ouverture du dîner de gala lors de la Convention d’affaires. Preuve de cette relative solidité, le réseau a ouvert près d’un point de vente tous les quinze jours depuis le début de l’année répartis sous ses 3 enseignes : Gitem, Euronics et Euronics City. Et 8 projets d’ouverture sont en cours d’ici le mois de décembre. Le cross canal a lui aussi été développé avec 223 e-commerçants implantés et 110 bornes interactives déployées dans les magasins. « Malgré une conjoncture difficile, la majorité du réseau a su garantir sa rentabilité et se démarquer face à la concurrence, se réjouit Fabrice Filleur. Alors que les buying groups affichent un recul de leur chiffre d’affaires de 14%, Gitem enregistre un -11%. Néanmoins, nous ne pouvons nous satisfaire de ce résultat ». Et Hubert Fabien d’ajouter : « Après le temps de la réflexion est venu le temps de l’action ! Nous devons trouver un nouveau modèle de distribution pérenne et durable ». Développer encore la cross canalité ; repositionner les enseignes en exploitant les points forts de chacune d’entre elle ; repenser la communication ; mutualiser les services ; déterminer une politique de gamme en cohérence avec les stratégies d’enseigne ; renforcer les programmes de formation… Tels sont les chantiers définis lors du séminaire d’Opio en juin 2012, et qui constituent désormais le plan d’action pour les mois à venir.

Parmi les pistes de développement, le rachat de grossistes en difficulté est également en cours avec deux propositions déposées au Tribunal de commerce de Nantes et dont le sort sera scellé mercredi prochain. « Le développement externe est essentiel si nous souhaitons poursuivre notre métier et retrouver une stabilité de chiffre d’affaires », analyse Hubert Fabien (ci-contre à droite au côté de Fabrice Filleur). La première proposition concerne la société Calvez Electroménager dans la région de Dinan. Et la seconde, le grossiste Disposelec avec le rachat du fonds de commerce et ses 22 salariés. « Avec ces rachats, nous allons gagner des volumes. De la puissance d'achat. Mais aussi de nouvelles enseignes notamment avec les points de vente sous enseigne Présence » ajoute Fabrice Filleur. Par ailleurs, questionné par la presse sur les rumeurs de rapprochement avec Digital, le Directeur a confirmé que des discussions avaient eu lieu et que « la balle est désormais dans leur camp ».

S’adapter à la réalité du marché

« Demain, une chose est sûre : nos modèles économiques devront fonctionner avec moins de marges, que ce soit au niveau de la centrale ou du magasin » affirme Fabrice Filleur. La conjoncture est difficile on le sait, et le secteur Image participe largement aux mauvais résultats du commerce. La première conséquence a été lourde pour Logitec avec un plan de restructuration qui a touché 12 collaborateurs. Pour autant, le groupement reste actif et multiplie les actions pour répondre au commerce d’aujourd’hui et aux nouveaux profils de clientèle, plus jeunes et toujours plus connectés. « Ce que certains mettent en avant dans leur plan d’action 2013 est déjà installé avec succès depuis plusieurs années chez Euronics France, sous le contrôle des adhérents eux-mêmes » rappelle le Directeur général. Mobilier dédié, univers produits, gammes adaptées et formation rythment ainsi la stratégie définie il y a quelques années par le réseau, et qui s’articule autour du concept de modernité. Et sur ce sujet, le séminaire d’Opio a permis de définir plusieurs lignes de conduite. A commencer par l’enseigne Euronics, qui fait du libre service son vecteur de chiffre d’affaires et d’image prix, et dont le positionnement demande à se parfaire entre GSS et proximité. Le concept sera « affiné et amélioré dans une volonté de rentabilité » nous précise-t-on. Du côté de l’enseigne Gitem, dont le positionnement est clairement basé sur la vente conseil et la proximité, l’heure est désormais à la modernité. Le code graphique, l’offre produits et la mise en valeur des innovations en magasin seront ainsi revus pour s’inscrire en adéquation avec le marché. Les bornes interactives, tables de démonstration et zones événementielles qui ponctuent les allées des magasins Euronics City seront également déclinées dans les magasins Gitem. Par ailleurs, le multimédia, la TV connectée, le son mais aussi les accessoires qui font la force des points de vente Euronics et Euroncis City seront davantage mis en valeur. « Pour la première fois, nous avons franchi la barre des 10% de notre activité en micro-informatique. C'est un secteur délaissé par nos concurrents alors qu’il constitue 30% du total marché. Ceux qui n'iront pas sur le segment de la micro-informatique se feront sortir du marché de la TV connectée demain » affirme Fabrice Filleur.

Redéfinir les priorités

Internet et la distribution cross-canal restent au cœur de la stratégie avec une volonté forte de poursuivre le développement du site marchand au profit des magasins. Pour cela, une politique « produits/prix/services » sera mise en place afin de déterminer les produits d’avenir. D’autre part, dans une logique de maîtrise des coûts, la communication papier, ILV et PLV sera repensée dès l’an prochain pour favoriser le canal numérique. Les prospectus conserveront toutefois une périodicité mensuelle mais verront leur pagination et leur diffusion réduites au profit de SMS, e-mailing, et communication on-line et géo-localisée dans les zones de chalandise. Un programme de fidélité cross-canal a également été validé et sera déployé au niveau national. Parallèlement, le réseau réfléchit à une mutualisation du SAV et des services technique sur le terrain afin d’en augmenter la rentabilité pour chaque point de vente.

La pression sur les marges est également une réalité à laquelle le réseau souhaite répondre en définissant une politique qui soit en cohérence avec les stratégies d’enseigne, de gammes et de partenariats fournisseurs. L’animation du réseau, la formation continue et les cotisations variables selon le taux d’implication des adhérents vis-à-vis du groupement sont aussi des sujets qui rythmeront la vie de la centrale dans les mois à venir. « Depuis de nombreuses années, le groupe Euronics France est conscient des difficultés que les indépendants doivent affronter et que la crise a accentuées. Le fait que nous ayons anticipé ces événements démontre que le groupement est la meilleure option pour pérenniser les magasins et augmenter leur rentabilité grâce aux nouveaux relais de croissance. La diversification de l’offre vers la micro-informatique est une obligation et le seuil des 10% franchi au sein d’Euronics France sur ce marché est un signe tangible d’un revirement de l’offre et de la modernisation des rapports avec les consommateurs et leurs besoins » conclut le Directeur général.