Au coeur de Semco, l’usine française qui fabrique le Thermomix TM6

Au coeur de Semco, l’usine française qui fabrique le Thermomix TM6

le 30 juillet 2019
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Vorwerk fabrique son célèbre robot cuiseur multifonction Thermomix en France. Pour la première fois depuis le lancement de son nouveau modèle connecté TM6, la marque allemande a convié la presse à visiter son usine Semco installée dans l’Eure et Loire. L’occasion de découvrir des lignes de production totalement réorganisées, d’évoquer les chiffres du marché et aussi la stratégie de Vorwerk pour lutter face à une concurrence de plus en plus féroce.

Alexandra Bellamy

Le TM6, version connectée du Thermomix, remplace le TM5, gagnant un plus grand écran et des programmes supplémentaires (cuisson à haute température, basse température, fermentation et sous-vide). Selon Bertrand Lengaigne, Directeur de Thermomix France (à droite sur la photo ci-dessous), le TM6 est « bien accueilli » et les commandes ont rapidement basculé en sa faveur.

 

La France : 20% du chiffre d’affaires de Thermomix

Le groupe Vorwerk réalise un chiffre d’affaires mondial de 2,8 milliards d’euros. Thermomix pèse 39% de l’activité du groupe, à la première place devant sa marque d’entretien des sols Kobold (27%). Vorwerk a conservé d’autres activités parmi lesquelles la vente de moquettes (via des grossistes), activité historique avec laquelle le groupe a débuté en 1883.

L’Allemagne demeure le pays dans lequel Vorwerk vend le plus de Thermomix : 24% des robots fabriqués à la Semco y sont expédiés. La France se positionne en seconde place, écoulant 21% des robots, ce qui représente plus de 20% du chiffre d’affaires de Thermomix.

En revanche, nous ne connaissons pas le nombre de TM6 vendus depuis son lancement en mars, la marque ne communiquant plus ses chiffres de vente en volume.

 

Le groupe allemand produit désormais en France la totalité des Thermomix vendus dans le monde

Vorwerk fabrique son robot star en France, à Cloye-sur-le-Loire, depuis plusieurs décennies déjà. Le groupe a en effet acquis la Semco en 1972. Nous avions déjà visité ce site en 2017 lorsque Thermomix y fabriquait le TM5.  Pour produire le nouveau TM6, les lignes de production ont été réorganisées.

Vorwerk précise que le TM6 comporte exclusivement des composants européens. Certaines pièces sont fabriquées sur place (comme le châssis en plastique ou le capot avant du robot). D’autres proviennent d’Allemagne et de France. Le moteur – un brevet du groupe – est fabriqué dans les usines allemandes de Vorwerk. C’est également le cas du couteau. Quant au bol, il est spécialement fabriqué par Guy Degrenne, à Vire, en Normandie, dont le groupe allemand est devenu actionnaire en début d'année.

Entre 2012 et 2017, Vorwerk a investi 100 millions d’euros pour moderniser son usine française, dont la surface a quasiment triplé. En 2019, environ 400 employés travaillent sur ce site de 23 000 m2. Chaque jour, la Semco produit entre 3 000 et 6 200 Thermomix destinés à tous les pays du monde : sa capacité de production est très flexible. En moyenne, un Thermomix y est fabriqué toutes les 42 secondes.  

Si une partie de l’usine allemande de Thermomix à Wuppertal ferme ses portes, Vorwerk se veut rassurant. « Aujourd’hui, la volonté du groupe est de rationnaliser au mieux. Il y a déjà eu de gros investissements ici (NDLR : à la Semco) depuis plusieurs années. La décision du groupe a été d’investir à 100% dans l’usine de la Semco pour fabriquer l’ensemble des Thermomix » explique Bertrand Lengaigne. Alors qu’environ 20% des appareils étaient produits en Allemagne (destinés aux pays émergents, voltages différents…), la fabrication de tous les Thermomix est rapatriée en France. Quant à l’usine allemande, elle ne ferme pas ses portes et continue de produire des composants et des produits Kobold. En revanche, Thermomix n’a pas communiqué d’information officielle concernant les rumeurs de licenciements en Allemagne.

Par ailleurs, pour se rapprocher des consommateurs, Vorwerk projette de fabriquer directement en Chine les Thermomix destinés à ce marché émergent, sans doute dans le courant de l’année prochaine. En 2018, 15% des Thermomix fabriqués à la Semco ont été expédiés en Chine, ce qui en fait le troisième marché derrière l’Allemagne et la France, juste devant l’Espagne. Le groupe dispose déjà d’une usine en Chine, qui fabrique des produits pour sa marque Kobold.

 

Un Thermomix est fabriqué ici toutes les 42 secondes

Pour visiter cette usine, Dirk Hellrung, Responsable du site Semco (à gauche sur la photo ci-dessus), a endossé le rôle de guide. La Semco compte 4 lignes de montage dédiées au Thermomix, auxquelles s’ajoutent 3 ateliers d’injection. Équipée de nombreuses presses, la Semco bénéficie d’un véritable savoir-faire en matière d’injection. Elle est ainsi capable de transformer jusqu’à 4 000 tonnes de matière plastique par an (l’équivalent d’une centaine de camions). Les pièces en plastique composant le TM6, notamment les plus grosses, sont moulées sur place. Certaines comme le capot avant du Thermomix, sont particulièrement soignées. Cet élément nécessite à lui seul trois injections successives de matières différentes. La machine qui s’en charge est l’une des plus impressionnantes (elle a coûté environ 1 million d’euros, tandis que le prix d’un moule s’élève à 400 000 euros).

Séparées des ateliers d’injection, les lignes de montage prennent la forme d’un U. Chacune comporte 8 postes de travail manuel, 7 modules automatiques, 4 postes de travail manuel en périphérie et 2 postes dédiés à l’emballage. Les opérateurs travaillent à l’intérieur de ce U et reçoivent les composants depuis l’extérieur. Un petit train automatisé circule toutes les deux heures pour approvisionner les chaînes de production. Certaines pièces, comme le châssis, sont également acheminées sur des tapis roulants.

La Semco dispose aussi de zones réservées à la logistique et au stockage des pièces. Dans ce magasin géant, hormis les plus grandes pièces livrées quotidiennement, on stocke de quoi produire 6 000 robots par jour pendant deux à trois jours.

Dirk Hellrung explique que dans cette usine moderne, on réserve le travail de précision aux humains, « plus précis et flexibles qu’un robot » (installation du joint sur le couvercle, assemblage des composants électroniques, mise en place de l’écran ou encore fermeture puis vissage du châssis…) tandis que les machines réalisent les travaux de force afin de réduire la pénibilité. En outre, les employés de la Semco qui travaillent sur la chaîne de montage changent de poste toutes les heures. En bout de chaîne, les Thermomix sortent montés, emballés et étiquetés, prêts à être expédiés.

 

Un niveau de contrôle et d'exigence extrême

Ce qui frappe lors de la visite de cette usine, c’est le nombre de vérifications subies par le Thermomix, à quasiment toutes les étapes de son assemblage. Dès le moulage des pièces en plastique visibles, des vérifications visuelles sont effectuées. La « défauthèque », qui regroupe des exemples de pièces « non conformes », suffit à appréhender le niveau d’exigence du groupe allemand. Un simple petit point noir à peine visible dans la matière suffit à envoyer la pièce au recyclage. Les robots sont systématiquement testés à diverses étapes, dès l’assemblage manuel des premiers composants électroniques. En cas de dysfonctionnement, ils sont sortis de la chaîne pour détecter et changer la pièce défectueuse. La dernière vérification automatique a lieu en même temps que le calibrage, après l’installation du bol.

 

Quelle stratégie pour faire face à la concurrence accrue ?

Sur un marché où la concurrence se montre de plus en plus agressive – le robot connecté de Lidl lancé à moins de 400 € a fait le buzz - la politique tarifaire de Thermomix a été sévèrement critiquée. C’est d’ailleurs un peu l’objet de cette visite d’usine : montrer en toute transparence comment le Thermomix est fabriqué, en France, avec un soin et un niveau d’exigence certains.

Pour lutter contre cette concurrence low-cost (rappelons que le TM6 est vendu 1 299 €) ; Vorwerk a un peu choisi d’endosser le rôle de la tortue face au lièvre : ne pas se reposer sur ses lauriers, mais garder une vision sur le long terme.

Le fabricant compte d’abord sur sa stratégie de vente directe : l’accompagnement apporté par les conseillères est assez inédit sur ce marché. Thermomix projette aussi d’accentuer la proximité avec ses clients : en plus de 7 500 conseillers en France, la marque bénéficie de 65 agences régionales et de boutiques dans lesquelles les clients peuvent être reçus. Cela permet de toucher un autre public, qui n’a pas forcément le temps (ou la place) d’assister à des ventes en réunion. En plus de sa boutique parisienne de l’avenue des Capucines, Thermomix en ouvrira une à Marseille en septembre et évoque aussi des projets à Lyon et Toulouse.

Sophie Hanon-Jaure, directrice marketing Thermomix, met aussi en avant l’écosystème de recettes proposé, de même que les services : « on s’inscrit dans la durée (..). Pour nous, le challenge est d’être encore plus qualitatif, développer nos services pour marquer la différence. Au-delà de l’appareil, il y a également tout un univers d’inspiration pour utiliser l’appareil, il y a plus de 40 000 recettes internationales. Nous vendons vraiment un écosystème complet : un appareil et ses services. La conseillère accompagne les clients, on peut aussi la rappeler ensuite ».

Bertrand Lengaigne évoque encore la fiabilité des composants utilisés, que la marque connaît bien puisqu’ils sont fabriqués par ses soins. Il met notamment l’accent sur le moteur à réluctance fabriqué en Allemagne, qu’il qualifie de « moteur inusable ». « On ne s’inscrit pas du tout dans l’obsolescence programmée. Un client qui cherche des pièces détachées peut facilement les trouver : leur disponibilité est d’au moins 10 ans. On s’inscrit dans une stratégie premium et de longévité. On ne souhaite pas dégrader nos prix. On apporte aussi des services différenciés » déclare-t-il. Il évoque la mise en service gratuite par les conseillères, les ateliers culinaires et l’écosystème de recettes homologuées – sans compter celles de la communauté de fans.

Enfin, nous avons interrogé Bertrand Lengaigne sur la garantie du Thermomix (elle est de 2 ans) : pourquoi ne pas l’étendre ? Il admet que « ce sont des questions qui restent toujours ouvertes » mais n’est pas convaincu que cela puisse faire « basculer » les gens, qui achètent déjà un produit premium en sachant que la longévité sera au rendez-vous.

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