Par Vincent Dupayage
Les sites web prennent de plus en plus de poids dans la distribution d’une multitude de produits et services, et la grande consommation ne déroge pas à la règle. Autour du globe, on estime ainsi que d’ici 2022, le marché online des PGC représentera 400 milliards de dollars.
Chine et Corée du Sud en tête, la France championne d'Europe
Les Asiatiques sont nettement en avance dans ce domaine, notamment la Corée du Sud  et la Chine : le e-commerce y pèse déjà 20 et 18% des ventes de produits de grande  consommation. Aux Etats-Unis (5,6% de part de marché) et en Allemagne (1,4%), le  e-commerce progresse mais demeure en deçà des leaders occidentaux : la France et le  Royaume-Uni restent des moteurs de la grande consommation online, avec  respectivement 7,1% et 6,3% de part de marché pour les achats réalisés sur le web. 
La comparaison s’arrête là : outre-Manche, qui dit e-commerce dit essentiellement  livraison à domicile, alors qu’en France, les consommateurs achètent de l’alimentaire  d’abord en drive (8 achats online sur 10), ensuite via la livraison à domicile. Le marché  français des ventes de PGC sur internet est donc aujourd’hui largement dominé par les  enseignes de la grande distribution. 
 
Le parc Drive en France : conquête des magasins de proximité et plus de 100 drives piétons
La France se distingue toujours plus de ses voisins avec le phénomène des drives. Ce sont désormais 5113 sites drive qui ont été recensés en mai 2019 dans la base de données Nielsen TradeDimensions. Parmi eux, 3720 sont des click & drive, espaces dédiés au drive (avec des pistes pour les véhicules et des bornes de retrait) créés par les distributeurs : il y en a désormais plus que de SDMP* ! Daniel Ducrocq, Directeur Services à la Distribution chez Nielsen, commente la bonne santé du parc : « cette année, le drive s’est mis à l’assaut des magasins de proximité : 74% des magasins accueillant un nouveau point de retrait sont des magasins de moins de 1000 m² ». Le drive piéton complète désormais l’arsenal : en quelques mois, les consommateurs urbains ont vu se développer 76 Drives piétons à l’intérieur d’un magasin existant et 28 Drives piétons en tant que sites dédiés.
 
Selon Marc Lolivier, Délégué Général de la Fevad, « avec le Drive les acteurs français de la grande distribution ont su créer un modèle e-commerce original permettant de combiner internet et magasins. Ce modèle français a fait ses preuves. Il permet aujourd’hui à la France d’être championne d’Europe sur ce segment e-commerce. Il est fort probable que sa déclinaison en version « drive piéton » rencontrera le même succès. »
81% du e-commerce réalisé en drive, 19% en livraison à domicile
Sur la dernière année, le drive a représenté 5,7% des ventes de grande consommation,  avec un dynamisme toujours significatif pour son chiffre d’affaires : +6.6% ! Le drive  conforte sa place pour les courses des produits de tous les jours… complété par la  livraison à domicile (1,4% des ventes de la grande consommation désormais). Ce sont  désormais 22,1% des ménages qui achètent des produits de tous les jours sur internet  pour se les faire livrer à domicile. Une taille de clientèle proche du drive (26,7%), mais  un panier moyen et une fréquence d’achat moindres : la clientèle du drive reste plus  familiale et génère des achats plus conséquents.   
 
Perspectives
Le classement des catégories championnes en drive fait ainsi la part belle aux produits  destinés aux familles, notamment aux foyers avec bébés : couches, alimentation  infantile et produits de beauté bébés sont les stars des drives !    En considérant drive et livraison à domicile, ce sont les produits de beauté, les brosses à  dents et le café qui se voient les plus achetés online… derrière les aliments pour les  animaux. Sur cette catégorie, 15% des acheteurs réalisent déjà la moitié de leurs achats  en e-commerce ! Pour Daniel Ducrocq, « certaines catégories se prêtent plus facilement  aux commerce online, par leurs formats, leur récurrence d’achat… mais le e-commerce n’a  pas encore atteint tout son potentiel pour les produits de tous les jours. Les pistes sont  nombreuses pour optimiser encore l’expérience consommateur, qui incitera les clients à  diversifier leurs achats online».   
*SDMP = Supermarchés à Dominante Marques Propres (ex-discounters).

