Asie : 2013, l'année des pâles promesses

Asie : 2013, l'année des pâles promesses

le 9 janvier 2013
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Ni vertes ni rouges, les perspectives commerciales à Hong Kong pour 2013 sont plutôt couleur pastel. La plupart des principaux problèmes ayant marqué l’environnement commercial de 2012 seront toujours présents, et l'enjeu sera de tirer le meilleur parti d'opportunités modestes et limitées. Un article intéressant de notre partenaire éditorial, le Hong Kong Trader

 

Pour autant, cette année devrait rester stable. Alors que l'Union européenne est toujours embourbée dans la crise de la dette, l'économie mondiale ne devrait croître qu'à un rythme sage, et les exportations hongkongaises devraient progresser modérément, de 4% en valeur et de 1% en volume. Parmi les risques majeurs encourus par les exportateurs hongkongais en 2013 figurent un nouveau retournement à la baisse de l'économie mondiale, le renforcement du protectionnisme, ainsi que l'escalade des tensions géopolitiques, particulièrement dans le différend territorial existant entre la Chine et le Japon.

 

Demande déclinante en provenance de l'Union européenne

Les exportations hongkongaises sont restées peu dynamiques en 2012, en dépit de légères reprises au cours des récents trimestres. Après 10% en 2011, le taux de croissance des exportations est retombé à 2% de janvier à septembre 2012, les ventes s'étant rétractées d'environ 2% au premier trimestre avant de se reprendre et d'augmenter respectivement de 2 et 4% au deuxième et au troisième trimestre. 

En fait, cette modeste performance a été en partie due à la hausse continue de la valeur unitaire des exportations hongkongaises, qui a crû de 4% de janvier à septembre du fait de la hausse des coûts des intrants. Sans surprise, les exportations hongkongaises ont reculé en volume. Au cours des trois premiers trimestres, elles ont continué à être entraînées à la baisse par la demande déclinante en provenance de l'Union européenne, où les ventes ont chuté de 9%.

 

La prévalence des appareils sans fil a sauvé le secteur de l'électronique
Mais les ventes aux États-Unis, soutenues par une économie plus stable, ont progressé d'environ 2%, tandis que celles vers le Japon ont bondi de plus de 7% alors que le pays se relevait du traumatisme du tremblement de terre de l'année dernière. La production destinée à l'export étant restreinte dans l'Asie en développement, les exportations de Hong Kong dans la région, dominées par les articles semi-finis destinés à l'export, sont restées faibles, les ventes vers la Chine ayant crû de quelque 4%. Dans le même temps, d'autres régions ont généré des résultats variés, le Moyen-Orient sortant encore une fois du lot.

Si l’on étudie l’évolution par marchés, la prévalence des appareils sans fil a sauvé le secteur de l'électronique, qui a progressé de plus de 5% au cours des trois premiers trimestres pour représenter quelque 57% des exportations totales de Hong Kong. L'électroménager, toutefois, a souffert de la concurrence des entreprises du continent chinois. Pour l'habillement, les exportateurs ont aussi été inquiétés par les autres fournisseurs émergents dans la région, à l'instar de leurs homologues chinois.

 

Beaucoup d'habitudes de consommation liées à la récession, telles que le "retour aux basiques" devraient rester prégnantes

Les exportations de jouets ont bien pâti du recul de la demande pour les jeux électroniques et les jeux vidéo. En revanche, la bijouterie et l'horlogerie, en hausses respectives de 20 et 12%, font partie des gagnants, bien que les ventes en volume soient moins enthousiasmantes. De toutes les économies développées, les États-Unis semblent les plus résistants. La fin des incertitudes liées aux élections présidentielle et au Congrès, a favorisé une croissance modeste dans un contexte d'assouplissement monétaire continu. Des signes de dynamisme ont aussi été observés du côté du marché du travail et du logement.

Toutefois, le taux de chômage, la construction et les prix de l'immobilier doivent encore retrouver leurs niveaux de pré-crise. Freinée par les problèmes fiscaux enracinés, le désendettement continu des ménages et les répercussions de la situation en Union européenne, la demande domestique restera timide, et beaucoup d'habitudes de consommation liées à la récession, telles que le "retour aux basiques" devraient rester prégnantes.

Dans l'Union européenne, seule l'Allemagne affiche une relative bonne santé, mais ses perspectives sont assombries par un chômage qui reste élevé, une demande anémique et la dette massive de ses voisins. L'austérité fiscale et les fragiles fondamentaux de la zone euro vont continuer à faire de l'ombre à la croissance économique de toute l'Union européenne, même si les bases pour juguler la crise de la dette semblent progressivement se mettre en place. En conséquence, la confiance des consommateurs devrait rester fragile, et la capacité d'absorption de produits importés devrait selon toutes probabilités rester faible.

A l'autre bout du monde développé, le Japon a connu de nombreuses difficultés. Les stimulations ayant conduit à des efforts massifs de reconstruction après le tremblement de terre dévastateur devraient cesser, alors que l'économie japonaise continuera à faire face à des énormes défis allant d'une fourniture instable d'électricité à un yen fort qui met à mal les exportations.  De plus, le différend territorial avec la Chine entrave le développement de nombreux secteurs de l'économie japonaise. De toute évidence, les ventes vers ce marché – en intrants de production et en produits finis – ne semblent pas prometteuses.

 

Délocalisation de la production bas de gamme dans les régions intérieures

Pour maintenir leurs activités soumises à de telles pressions, les exportateurs hongkongais ont intérêt à se diversifier vers d'autres marchés émergents. Concernant la Chine, dont les priorités sont de stabiliser la croissance et de mener à bien les restructurations, les exportations sont grevées par le marasme du marché européen. Ce dernier a particulièrement affecté les provinces côtières, déjà impactées par la délocalisation de la production bas de gamme dans les régions intérieures et les autres pays asiatiques.

Des indices encouragent toutefois à l'optimisme, comme la hausse de l'investissement et l'assouplissement politique. La Chine effectue aussi actuellement une optimisation de ses réseaux et locaux de distribution, et stimule la consommation par le biais de mesures telles que les subventions à l'achat et la hausse des salaires.

 

Prévisions par grandes zones géographiques

En Asie, le plus grand moteur de croissance du monde, la consommation restera substantielle dans de nombreux pays, particulièrement dans les très grands marchés domestiques que sont l'Inde et l'Indonésie, avec leur classe moyenne en croissance rapide.

La stabilisation du marché mondial soulagera également les pays dépendant de l'export, à l'instar du Vietnam et du Bengladesh, qui sont des bases manufacturières viables pour Hong Kong. La Birmanie, sur la voie de la libéralisation économique, se distingue particulièrement pour la production d'habillement et de chaussures.

Les débouchés en développement pour les exportateurs de Hong Kong ne manquent donc pas. Les économies basées sur les ressources naturelles devraient bénéficier du raffermissement attendu du prix du pétrole et des matières premières. Cette hausse s’explique par les permutations de liquidités abondantes à l'échelle mondiale, la demande mondiale stable, des tensions géopolitiques récurrentes et des conditions climatiques de plus en plus préoccupantes.

En Amérique latine, les économies exportatrices de matières premières comme le Brésil, le Pérou et le Mexique devraient bien se comporter. Le Mexique, qui a supprimé les taxes anti-dumping sur une large gamme de produits originaires de Chine depuis décembre 2011, devrait continuer à améliorer son accès aux exportations hongkongaises.

De la même manière, en Russie, la croissance devrait profiter des prix robustes du pétrole et des matières premières, alors que la récente entrée du pays dans l'OMC devrait lui ouvrir de nouveaux marchés. Quant au Moyen-Orient et à l'Afrique du nord, les prix soutenus du brut devraient être de bon augure pour l'économie des nations exportatrices de pétrole, malgré l'instabilité sociale et politique qui reste le risque majeur de la région.

Les exportateurs hongkongais devraient tirer pleinement parti du rôle bien établi de Dubaï en tant que plate-forme commerciale régionale, et attirer ainsi des acheteurs venus de pays aussi lointains que l'Afrique sub-saharienne. Dans cette région, la croissance économique sera soutenue par les prix des matières premières, ainsi que par les flux substantiels de capitaux et investissements étrangers.

L'Egypte, l'Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria, qui incluent "le diamant africain", se sont affirmés comme des passerelles respectives vers le nord, le sud, l'est et l'ouest de l'Afrique.

 

Risques et défis...

Malgré l'allégement de la crise dans la zone euro, tous les problèmes sont loin d'être résolus. Au premier rang desquels figure l’absence de volonté politique nécessaire pour imposer les réformes macroéconomiques dans les pays endettés, alors que l'établissement d'une union bancaire n'en est encore qu'au stade de projet.

Des pressions protectionnistes ont aussi augmenté récemment. Les développements géopolitiques pourraient même favoriser la recrudescence de tensions commerciales, particulièrement les différends territoriaux entre la Chine et le Japon. Après la suspension de leurs opérations en Chine due aux protestations anti-japonaises, les boutiques et usines japonaises ont repris leur activité, mais les exportations vers la Chine ont accusé le coup.

Si la Chine et le Japon parviennent vite à résoudre diplomatiquement le conflit, l'impact économique potentiel pourrait être minimal. Mais des signes dans ce sens n'ayant pas été observés, les relations bilatérales tournant à l'aigre pourraient se traduire par de réels dégâts économiques tant en Chine qu'au Japon. Les retombées pourraient se faire sentir notamment sur les chaînes d'approvisionnement régionales, très dépendantes de la production électronique, alors que les réexportations hongkongaises d'origine autre que japonaise et chinoise devraient aussi souffrir.

 

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