Alors que la LED représentait 5 à 10% du marché global de l’éclairage il y a deux ans, le secteur devrait se développer significativement dans un avenir proche. "La tendance est irréversible, affirme Freddie Lau, directeur général de Luman Lighting, un fabricant hongkongais de LED depuis plus de 12 ans. Il y a trois ans, nous parlions de 3% en termes de part de marché de la LED. D’ici 18 mois, cette part devrait atteindre 20%". Une étude sur le marché de l’éclairage publiée par le cabinet de conseil McKinsey en 2012 prévoyait que la part de marché de la LED dans l’éclairage en général devrait atteindre 45% en 2016 et près de 70% en 2020. L’utilisation de plus en plus fréquente de la LED semble justifier ces estimations. Auparavant cantonnée à la fonction de simple clignotant dans les appareils électroniques, la LED a aujourd’hui trouvé des applications dans tout, des panneaux d’affichage aux gratte-ciel, en passant par les entreprises et les boutiques.
Une part de marché à 70% d'ici 2020 selon une étude McKinsey
Pour Antony Chan, fondateur du cabinet hongkongais d’architecture d’intérieur Cream, la LED permet d’être plus créatif. La montée en flèche de l’éclairage LED est intimement liée aux avancées spectaculaires de la technologie LED au cours de la dernière décennie. Et les différentes mesures mises en place par les gouvernements pour améliorer l’efficacité énergétique ont été tout aussi cruciales. L’Union européenne, la Chine, l’Australie, la Russie et le Canada font partie des pays qui ont institué la suppression progressive des ampoules à incandescence, dans le but d’encourager les consommateurs à opter pour des éclairages alternatifs plus écologiques, comme la LED ou les lampes compactes fluorescentes.
Les LED sont environ 30 à 50% plus onéreuses que les ampoules fluorescentes et les halogènes, mais elles durent beaucoup plus longtemps et sont bien plus économes en électricité. Dans le monde de la décoration d’intérieur, les LED se distinguent aussi par leur capacité à mettre en valeur l’esthétique environnante. "Comparé à l’éclairage conventionnel, les éclairages LED prennent moins de place et peuvent donc être installés dans des lieux où le gain d’espace est précieux, précise Anthony Chan, président de la Hong Kong Interior Design Association et fondateur de Cream, un cabinet hongkongais d’architecture d’intérieur. De plus, la LED gardant toujours une basse température, la prise en main ne pose aucun problème. Cela ouvre davantage de possibilités et nous permet des utilisations plus ludiques et créatives".
Néanmoins, la technologie LED doit toujours surmonter un certain nombre d’obstacles. D’une part, la température de couleur de beaucoup d’ampoules LED est plus crue que celle des ampoules incandescentes et halogènes. Et l’angle de balayage du faisceau lumineux des ampoules LED étant plus large, il ne permet pas un éclairage très ciblé. Pour pallier ces faiblesses et créer une ambiance plus agréable, Anthony Chan préfère marier les éclairages LED et conventionnels dans ses projets de décoration d’intérieur. "Mais la technologie LED s’améliore continuellement, assure-t-il. Les efforts se portent sur la température de couleur et l’angle de balayage, ce dernier nécessitant l’utilisation de réflecteurs. Ainsi, beaucoup d’éclairages LED ont maintenant rattrapé le niveau de l’éclairage halogène en termes de température de couleur". Un autre désavantage de la LED est son prix élevé. Actuellement, la LED est encore la forme de lumière la plus chère du marché car convertir une LED en ampoule requiert l’intégration d’une technologie coûteuse et sophistiquée". Le problème devrait toutefois se résoudre de lui-même. Les avancées technologiques, l’intensification de la concurrence et l’excédent d’offre se sont combinés pour tirer les prix des LED à la baisse ces dernières années.
Des prix qui devraient rendre les LED accessibles au plus grand nombre
"Notre technologie LED à puce a fait des pas de géant ces quatre dernières années. Les coûts devraient encore baisser de 10 à 20% dans un avenir proche", confirme Flora Yuen, directrice des ventes chez le fabricant d’éclairage LED hongkongais, Matrix Lighting.
En Corée du sud, le prix au détail des remplacements LED pour des ampoules incandescentes de 40 watts est tombé en 2012 en dessous des 10 US$, selon LEDinside, la division étude du cabinet taïwanais d’études de marché, TrendForce. Les décideurs du secteur considèrent de façon unanime le niveau des 10 US$ comme le "seuil psychologique" au-dessous duquel le consommateur moyen sera plus enclin à acheter l’ampoule. En Chine, le plus grand pays de production de LED au monde, la chute des prix a été particulièrement accentuée par l’excédent d’offre. Les statistiques de l’Engineering LED Industry Institute chinois révèlent que le prix des puces LED s’est effondré de 70% entre le début de 2010 et la fin 2011.
Pour des architectes d’intérieur comme Anthony Chan, cet excédent va contribuer à démocratiser les éclairages LED. Les fabricants d’éclairage, en revanche, à l’instar de Matrix et Luman, ne se réjouissent pas autant. Le principal problème, selon eux, vient de la multitude de produits de qualité inférieure sur le marché chinois. "Cela a sapé la confiance des clients, déplore Flora Yuen. Certains acheteurs de LED commandaient auparavant des grandes quantités, mais ils achètent maintenant par lots pour s’assurer que les produits ne finiront pas groupés avec un gros stock de LED bas de gamme". Freddie Lau doit faire face à la même situation critique. "Certaines sociétés ont très peu d’exigences en termes de qualité. Leurs produits sont emballés dans des boîtes en carton blanc sans logo ni garantie. En cas de défaut, il n’y a personne auprès de qui faire une réclamation. Pour les fabricants de LED qui investissent comme nous dans la R&D et le marketing, le combat pour faire connaître sa marque est rude ces jours-ci".
Vers un assainissement au niveau des fournisseurs chinois
Toutefois, sur le long terme, les perspectives restent très bonnes. Les acteurs du secteur soulignent que le marché chinois de LED est actuellement réorganisé de façon drastique, ce qui éliminera progressivement les intervenants peu performants, assainira le secteur et le rendra plus qualitatif. Pour maintenir sa compétitivité, Matrix a récemment délocalisé son usine de LED de la Chine vers le Vietnam, où la main d’œuvre est plus abondante et moins chère, et où les ouvriers sont "plus méticuleux dans le suivi des instructions de production", affirme Flora Yuen. Dans le même temps, Luman cherche à élaborer « des plans créatifs » pour aider les sociétés chinoises à basculer en LED sans coûts excessifs, précise Freddie Lau.
Les efforts de ces fabricants reflètent la prise de conscience du rôle vital que le marché hongkongais joue dans le secteur de la LED. "Un grand nombre d’acheteurs étrangers valorisent beaucoup le marché hongkongais, assure Flora Yuen. Alors que le marché chinois peut leur sembler insondable, le marché hongkongais est une plate-forme fiable où ils peuvent trouver de bons produits LED en Asie".