Nouvelle étiquette énergie : plus de clarté pour le consommateur, plus compliqué pour les professionnels

Nouvelle étiquette énergie : plus de clarté pour le consommateur, plus compliqué pour les professionnels

le 8 avril 2019
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La version définitive des nouvelles étiquettes énergie qui seront apposées sur certains appareils électroménagers vient d'être adoptée par la Commission Européenne. Le but : clarifier l’information fournie au consommateur. Mais, dans un premier temps, cette évolution promet bien des embûches pour les professionnels, voire aussi pour les consommateurs. Neomag vous explique le contexte, les enjeux et le contenu de ce nouvel étiquetage européen.

 

Alexandra Bellamy

 


 
Dès 2015, la Commission Européenne (CE) évoquait la possibilité de modifier l’étiquette énergie pour la rendre plus lisible – projet confirmé en 2017. La version définitive de l’étiquette entièrement revue vient d’être présentée, pour un premier affichage prévu en mars 2021.


 
L’objectif premier : mieux informer

Depuis la création de l’étiquette énergie, les appareils électroménagers ont beaucoup évolué. Résultat ? Une étiquette qui s’étend de A+++ à D pour la plupart des appareils électroménagers (ou de A à G pour quelques catégories comme les caves à vin, les aspirateurs ou certains réfrigérateurs) mais dont les dernières catégories sont vides. Cela est dû à l’évolution des performances exigée par le volet écoconception lié à l’étiquette énergie : des améliorations sont régulièrement imposées aux fabricants. Par exemple, à partir d’une date définie, ils ne sont plus autorisés à mettre sur le marché des appareils dont la classe énergétique est inférieure à A. Ce type d’évolution est exigé pour la classe énergétique ou encore d’autres critères figurant sur l’étiquette comme le niveau sonore, les performances de lavage ou la consommation électrique.

Le consommateur se retrouve donc à comparer des étiquettes où tous les appareils sont groupés dans les classes supérieures. Mais en plus, il peut acheter un appareil de classe A en pensant investir dans un produit performant alors qu’il achète en réalité l’un des moins performants du marché. Quant aux fabricants, ils en sont venus à communiquer sur des performances bien supérieures à celles affichées sur l’étiquette, du type « A+++ -50% ».
La nouvelle étiquette évolue donc pour fournir une information plus claire et pertinente. Selon la CE, 85% des consommateurs européens en tiendraient compte lors de leurs achats.
 
Et réduire encore la consommation

L’étiquette énergie doit aussi contribuer à la réalisation des objectifs de l’UE en matière d’énergie et de climat – c’est déjà dans ce contexte que cette étiquette européenne avait été créée. Ainsi la CE estime-t-elle que d’ici à 2030, ces nouvelles étiquettes permettront des économies d’énergie de l’ordre de 38 tWh/an (ce qui équivaut à la consommation annuelle de la Hongrie).
 
Les appareils concernés par la nouvelle étiquette

L’adoption de la nouvelle étiquette se propagera progressivement à toutes les familles de produits étiquetées. Dans un premier temps, elle concernera 6 groupes de produits dont 3 d’appareils électroménagers : les lave-vaisselle, les lave-linge et lave-linge séchants, ainsi que les réfrigérateurs (y compris les modèles commerciaux et les appareils de stockage de vin). Hormis l’électroménager, les nouvelles étiquettes concerneront aussi les TV, écrans et lampes.
 
Quand la nouvelle étiquette arrive-t-elle ? 

Elle sera affichée en magasin et en ligne à partir du 1er mars 2021. La CE précise qu’une « campagne d'information spécifique sera lancée dans toute l'UE, à l'intention de tous les Européens, en 2021 ».
Le calendrier prévoit aussi dès juillet 2019 d’appliquer des mesures d’écoconception révisées aux appareils concernés par la nouvelle étiquette. Ces obligations d’innovation et d’amélioration permettront encore des économies d’énergie.

 

Lave-linge                   Lave-linge séchant            lave-vaisselle             réfrigérateur

 


 
Que comporte la nouvelle étiquette énergie ? 

- Elle comporte tout d’abord un nouvel échelonnage des classes énergétiques, qui s’étend de A à G – en conservant les couleurs habituelles se dégradant du vert pour les produits les moins énergivores vers le rouge pour les moins bien classés. L’étiquette actuelle de la plupart des appareils va de A à D (sauf pour de rares catégories, comme les aspirateurs ou les caves à vin, où les classes vont déjà jusqu’à G). Autre évolution : les classes inutilisées deviendront progressivement grisées pour assurer une information claire.


- Les exigences d’attribution des classes sont aussi durcies, de manière à ce que les appareils n’atteignent pas les plus élevées, laissant ainsi place à de possibles évolutions. Les appareils seront mieux répartis au sein de toutes les classes affichées sur l’étiquette.


- La consommation électrique demeure indiquée, toutefois elle n’est plus systématiquement évaluée pour un an (cela demeure le cas pour les réfrigérateurs). Pour certains produits (par exemple les lave-vaisselle ou les lave-linge) elle l’est pour 100 cycles. Une évolution pertinente qui permet plus facilement aux consommateurs de projeter un calcul crédible. 


- Un QR code apparaît sur l’étiquette. Il donnera un accès rapide à une base de données fournissant des informations complémentaires « à caractère non commercial ». Baptisée EPREL (European product database for energy labelling), cette base comporte des informations et de la documentation technique à destination des consommateurs, des revendeurs et des autorités de contrôle qui verront ainsi leur travail facilité (car la CE estime que « 10 à 25 % des produits mis sur le marché ne sont pas pleinement conformes à la réglementation en matière d'étiquetage énergétique »). Cette base de données sera accessible aux européens dans les prochains mois. Les fabricants et importateurs ont l’obligation d’y enregistrer leurs produits mis sur le marché depuis le 1er janvier 2019 (et de manière rétroactive, ceux mis sur le marché depuis le 1er août 2017). 

 


 
Et la réparabilité dans tout ça ? 

Depuis qu’on parle de ce nouvel étiquetage, il est question que la réparabilité soit prise en considération. Finalement, aucune note de réparabilité ne figure sur la nouvelle étiquette. En revanche, la CE précise que ce critère fait partie des aspects pris en compte dans les règlements d’écoconception qui accompagnent l’étiquette énergie : « la disponibilité de pièces de rechange, le remplacement aisé des pièces et l'accès facile, pour les réparateurs professionnels, aux informations relatives à la réparation et à l'entretien sont exigés ». Ces règles s’appliqueront donc à partir de juillet 2019 pour les réfrigérateurs, lave-vaisselle, lave-linge et lave-linge séchants.
Toutefois, à l’échelle française, la feuille de route pour l’économie circulaire (FREC) vise notamment à donner aux consommateurs les clés pour privilégier une consommation durable. Et cela passe par l’affichage d’une information claire prenant en compte durée de vie et réparabilité. L’une des mesures phares prévoit d’ « afficher de manière obligatoire à partir de 2020 pour les équipements électriques, électroniques et électroménagers une information simple sur leur durée de vie à travers un indice qui intégrera des critères sur leur réparabilité et leur durabilité ».*
En France, il y aura donc bien un indice de réparabilité qui sera affiché. Un groupe de travail français portera ses propositions au niveau européen. Mais d’après nos informations, d’autres pays travaillent également à l’élaboration d’un tel indice. Étant donné le calendrier, pour son affichage sur la nouvelle étiquette énergie, c’est déjà trop tard. A priori, l’affichage de l’indice de réparabilité cohabitera donc avec l’étiquette énergie. Et même s’il y a une mise en commun des travaux des pays européens, cet indice ne sera peut-être pas uniformisé. Pour l’instant, comme l’a expliqué le Gifam (groupement des marques d’appareils pour la maison, qui préside le groupe de travail sur le lave-linge) le groupe français travaille sur 4 familles de critères : l’accès à la documentation, la facilité de démontage/remontage, la disponibilité et le prix des pièces détachées, ainsi que des critères spécifiques aux familles de produits.
 
Un casse-tête pour les revendeurs et les consommateurs

La nouvelle étiquette énergie constitue un gros chantier pour les fabricants. Certains travaillent déjà depuis plusieurs années afin que leurs nouveaux appareils parviennent à atteindre les classes énergétiques les plus élevées de la future étiquette. Rappelons aussi que certaines marques réalisent en interne les mesures à apposer sur l’étiquette énergie de leurs produits. Les ingénieurs et techniciens vont donc devoir apprivoiser de nouveaux barèmes.

Mais ce changement d’étiquetage constituera surtout un challenge pour les revendeurs. Ils devront appréhender le nouvel étiquetage et former leurs équipes afin qu’elles renseignent au mieux les consommateurs. Car pendant un certain temps, les deux étiquettes (actuelle et future) cohabiteront… des étiquettes qui ne seront pas comparables en matière d’informations et encore moins de classe énergétique. Il faudra expliquer de manière claire et pédagogique pourquoi sur certaines catégories une classe B devient supérieure à une ancienne classe A+++.
Ils pourront peut-être compter sur l’aide de la campagne d’information annoncée par la CE. La mise en place d’une communication claire dédiée au nouvel étiquetage sera sans doute nécessaire également, en magasin et sur Internet. Si l’évolution de l’étiquette était devenue souhaitable, dans un premier temps, elle constituera un véritable casse-tête pour les revendeurs autant que pour les consommateurs.
 
Un travail déjà en cours pour les aspirateurs

Les distributeurs et fabricants doivent déjà clarifier la communication autour des étiquettes des aspirateurs. En novembre dernier, le tribunal de l’Union Européenne qui avait été saisi par Dyson, a annulé le règlement sur l’étiquetage des aspirateurs. En cause, les tests réalisés à vide qui ne reflètent pas une utilisation réelle. Depuis, c’est le flou : l’étiquetage n’est plus obligatoire mais son affichage n’est pas interdit. Certains fabricants ont donc maintenu leur étiquette, d’autres ne l’utilisent plus. Du côté de la distribution, il faut se satisfaire de cet étiquetage devenu incomplet, revenir à l’ancien système avant étiquette énergie ou attendre la révision de l’étiquette des aspirateurs (initialement prévue entre 2021 et 2025).
 
* ministère de la transition écologique et solidaire

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