Michel Vieira

Président MDA Company

Michel Vieira

le 1er juillet 2020
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Nous avons pris un chemin atypique, mais réfléchi, qui va nous permettre de continuer à servir nos clients

 

Neomag : Alors que l’activité dans les magasins l’électroménager est plutôt meilleure que prévue, comme cela se passe-t-il actuellement pour MDA Company ? 

Michel Vieira : Plutôt bien, et cela sur l’ensemble des activités du groupe (grossiste, magasins, e-commerce). Ce qui est normal après deux mois de fermeture totale. En mai, avec 11 jours de moins, nous avons fait plus que l’an dernier et le mois de juin a été clairement extraordinaire. Encore faut-il que cela se poursuive dans la durée. Juillet et aout, qui sont des mois très importants pour la distribution, seront-ils au rendez-vous des historiques de l’année précédente ? D’un côté, on sait que le montant de l’épargne des Français n’a jamais été aussi élevé. De l’autre, nous sommes face à une énorme incertitude quand à l’évolution de la situation sociale et sanitaire au cours des prochains mois.  

 

En l’absence de vaccin, pour éviter une deuxième vague, la seule solution qui existe, c’est d’éviter les déplacements professionnels et de garder les distances

 

Dans ce contexte d’incertitude, vous avez pris la décision de continuer à limiter au maximum les déplacements professionnels dans les prochains mois…

Oui, je m’y suis personnellement engagé Nous souhaitons également être exemplaires avec nos équipes terrain en favorisant au maximum le télétravail. En tant qu’entrepreneur, je dois prendre toute les mesures permettant d’éviter une deuxième vague, mais aussi, je me dois d’y préparer l’entreprise si elle devait survenir. 

En l’absence de vaccin, pour éviter cette deuxième vague, la seule solution qui existe, c’est d’éviter les déplacements et de garder les distances. Nous devons protéger nos collaborateurs, leurs familles et, indirectement le pays, d’une deuxième vague de pandémie qui serait très dure économiquement et psychologiquement. 

 

C’est aussi une manière de vous adapter au monde « d’après » ?

On le voit bien, beaucoup de choses sont en train de changer dans les organisations. De grandes entreprises mondiales ont annoncé l’arrêt des déplacements pour un, voire deux ans… Aujourd’hui, éviter les déplacements professionnels inutiles, c’est être bienveillant vis à vis de nos collaborateurs mais aussi vis à vis de la planète. Nos animateurs commerciaux, par exemple, qui sont habituellement sur la route, travaillent soit de chez eux, soit depuis l’un des établissements auxquels ils sont rattachés.

 

"Tout ce qui est en train de se passer va engendrer une régénération du sytème de distribution actuel" 

 

Il va falloir aussi se poser de vraies questions sur un mode de télétravail qui soit associé à la performance. Ce que nous avons connu pendant le confinement, où tous les membres d’une famille vivaient ensemble 24 heures sur 24, était une situation très particulière. Travailler dans son salon tout en s’occupant des enfants (petit déjeuner, déjeuner, goûter, activités, devoirs,…) tenait plus de la solution « bricolée » que du véritable télétravail. Mais, avec une bonne organisation, avec les bons outils digitaux, le télétravail va faire partie du monde de demain.

Tout ce qui est en train de se passer va engendrer une régénération du sytème de distribution actuel. En ce qui nous concerne, nous comptons bien  disrupter l’électroménager. La régénération du groupe MDA est en bonne voie, en témoigne notre présence accrue et celle de nos marques sur les réseaux sociaux, et l’audience qu’elle commence à générer.

 

"Je ne suis pas parfait mais j’essaye d’être exemplaire"

 

Justement pourquoi cette hyper-activité sur les réseaux sociaux depuis ces dernières semaines ? Quel a été le déclic ?

Je dirais un vrai souci de civisme et d’amour de la famille. Avant de parler de l’impact économique de la pandémie, il ne faut jamais oublier qu’avec la pandémie, il y a des gens qui meurent. Et que si nous ne faisons pas tous des efforts, nous allons perdre nos anciens. 

J’ai personnellement été touché dans ma famille, mon père a eu le Covid. J’ai compris que nous devions changer. Alors j’essaye de le faire moi-même. Je ne suis pas parfait mais j’essaye d’être exemplaire. Je me déplace au maximum en vélo pour me rendre au siège ou en trottinette lorsque je suis dans Lyon. Mais je ne suis pas devenu « bobo » pour autant…

 

Ce verdissement et cette personnalisation de la communication, ce n’est pas un simple «coup de com » ?

Nous ne sommes conseillés par aucune agence. La présence sur les réseaux sociaux, elle a démarré de manière spontanée. Nous nous sommes lancés « avec nos tripes ». Cette nouvelle manière de communiquer permet d’aller vers nos clients de manière sécurisée tout en étant humain, proche et dynamique. 

Cette transition digitale accélérée et soutenue c’est beaucoup de travail supplémentaire. Cela oblige à sortir de sa zone de confort. En ce qui me concerne, j’y réfléchis encore beaucoup le soir après la journée de travail. Et si je me mets en avant, c’est pour montrer que moi même je me remets en question. Je sors de ma zone de confort. Je ne le fais pas par ego mais pour toutes les enseignes du groupe MDA Company. Sur les réseaux sociaux, je veux transmettre ce que je fais au quotidien. Ceux qui me connaissent savent que j’y suis le même que dans la vraie vie. Ce n’est pas une posture.

  

"Nous avons pris un chemin atypique mais réfléchi dans l’intérêt de nos collaborateurs, de leurs familles, de nos partenaires et surtout de nos clients"

 

Avec du recul, la procédure de sauvegarde, qui a surpris la profession, était-elle la bonne décision ?

La procédure de sauvegarde, que nous avons activée très rapidement, a été un acte fort, je tiens à le répéter. Nous l’avons fait pour respecter nos collaborateurs, nos clients et nos partenaires fournisseurs. A la fin, nous allons payer tout le monde. Lorsque vous procédez à un redressement judiciaire, ce n’est pas du tout la même histoire…  Nous avons pris un chemin atypique mais réfléchi dans l’intérêt de nos collaborateurs, de leurs familles, de nos partenaires et surtout de nos clients. Car nous voulions rester solides pour pouvoir servir ces derniers.

 

Et en ce qui concerne vos fournisseurs ?

Les fournisseurs ont tous des CRP (clause de réserve de propriété), ils vont donc tous être payés d’ici à la fin de l’année. Aujourd’hui, nous payons les fournisseurs au comptant, mais c’était déjà le cas auparavant… 

 

"L’objectif actuel est de tout faire pour préserver l’emploi dans le groupe, voire le développer avec, notamment, des recrutements dans le digital"

 

De grands distributeurs du secteur ont sollicité et obtenu un Prêt Garanti par l’Etat. Vous ne l’avez pas fait. Pour quelle raison ?

En lissant notre dette sur une durée plus longue, la procédure de sauvegarde nous a permis de préserver notre trésorerie. L’Etat autorise désormais les entreprises qui sont en procédure de sauvegarde à solliciter un PGE. Mais nous ne l’avons pas demandé jusqu’à présent. Nous verrons plus tard, selon l’évolution de la situation. Ce qui est certain aujourd’hui c’est que nous avons les meilleurs ratios dettes/fonds propres du secteur.  

Aujourd’hui, nous sommes en train d’apprendre à travailler différemment. Nous pouvons être aussi dynamiques et pertinents sans nous déplacer. L’objectif actuel est de tout faire pour préserver l’emploi dans le groupe, voire le développer avec, notamment, des recrutements dans le digital.

 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus concernant votre stratégie digitale ?

Le site MDA Electroménager est devenu marchand depuis quelques semaines. Et la stratégie digitale va imprégner aussi toutes nos enseignes de proximité. 

Grâce à sa souplesse et à son agilité, le commerce de proximité, qui permet de maintenir une activité et une vie dans nos territoires, n’a jamais eu autant de potentiel. L’avenir n’est plus aux grandes surfaces. On le voit bien en ce moment. Les magasins de moins de 400 m2 pouvant accueillir une dizaine de personnes dans le respect des règles sanitaires ont aujourd’hui les faveurs des clients. Au niveau de l’enseigne MDA, ce sont dix nouveaux magasins qui ouvrent en 2020.

 

"Le digital va nous permettre de fédérer toutes les enseignes du groupe"

 

Mais l’avenir du groupe passe aussi par ses autres composantes. L’accélération de la digitalisation touche les entreprises mais aussi les particuliers. Cela va entraîner un nouvel essor dans le domaine de la Maison Connectée, de la domotique. Il va y avoir besoin de techniciens, d’experts pour installer, raccorder, paramétrer… C’est un marché sur lequel nous sommes déjà présents et sur lequel nous allons nous renforcer, notamment en capitalisant sur l’expertise du réseau Andom. En résumé, le digital va nous permettre de fédérer toutes les enseignes du groupe. En associant cela avec notre savoir-faire au niveau des achats, de la logistique, et à une pérennité financière, nous sommes parmi les mieux armés du secteur. 

 

"Depuis la reprise, nous avons dans nos magasins plus de 20% des clients qui sont des nouveaux clients"

 

Sur les réseaux sociaux, vous mettez également beaucoup en avant la dimension locale…

Les Français ont compris qu’il était dans leur intérêt de privilégier au maximum les entreprises qui payent leurs impôts en France. Et c’est le cas des entreprises du commerce de proximité. En ce qui nous concerne, les actionnaires de MDA Company sont fiscalisés en France et sont fiers de contribuer au développement de notre pays par nos impôts. 

Je crois que les clients sont de plus en plus en plus sensibles à cette dimension locale. Depuis la reprise, nous avons dans nos magasins plus de 20% des clients qui sont des nouveaux clients. Ils savaient déjà que nos réseaux étaient performants sur le service. Aujourd’hui, avec l’intensification de la communication digitale, ils découvrent que nous sommes aussi bien placés en prix, sinon mieux, que les géants de l’internet. Il y a pour eux une sorte de civisme à aller dans un commerce de proximité, à privilégier une consommation locale. On le voit très bien aussi avec ce qui ce passe dans la restauration, les circuit-courts…

 

Favoriser les productions d’électroménager plus proches ? Le sujet a été évoqué avec les équipes d’acheteurs...

 

C’est une tendance forte oui, mais il est plus simple de relocaliser des approvisionnements de fruits et légumes que d’électroménager… Comptez-vous, pour autant, favoriser davantage les productions d’électroménager plus proches ? 

On peut dire que je suis dans cette dynamique là. Le sujet a d’ailleurs été évoqué avec nos équipes d’acheteurs. A prix et spécificités égaux, nous prendrons le produit fabriqué dans une usine européenne. Je ne vais pas vous dire que Michel Vieira va devenir complétement vert. Mais en revanche, je vais faire un effort en faveur de l'environnement. 

 

En étant déterminé, comme vous le dites à "disrupter" le secteur, vous pensez donc faire aujourd'hui les bons choix pour demain ?

Ce que je peux vous dire, c'est que suis un grand fan de sport. Je pratique beaucoup de VTT pour le plaisir et pour garder la forme. J’ai aussi une passion pour la course du Vendée Globe. Certains y choisissent de prendre des trajectoires complètement différentes des autres et, au final, cela leur réussit !

 

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