Rapport de HOP sur l’indice de réparabilité : un bon outil mais parfois trop généreux

Rapport de HOP sur l’indice de réparabilité : un bon outil mais parfois trop généreux

le 10 mars 2022
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À l’issue de 6 mois d’enquête, l’association HOP – Halte à l’Obsolescence Programmée – a divulgué son rapport sur l’indice de réparabilité. L’association estime que l’indice n’est pas parfait, parfois un peu trop généreux et mérite des améliorations. Elle a d’ailleurs émis une liste de recommandations aux pouvoirs publics. Néanmoins, elle conclut qu’il s’agit « malgré tout d’un bon indicateur de la réparabilité pour le consommateur ». Explications en détails.

Rapport de HOP sur l’indice de réparabilité :  un bon outil mais parfois trop généreux

L’indice de réparabilité ayant récemment fêté son premier anniversaire, l’heure est aux bilans – des bilans qui ne mettent pas tout le monde d’accord. Nous attendions donc deux rapports avec impatience : celui de l’Ademe, qui devrait être publié dans le courant du mois de mars et de celui de HOP, qui a été divulgué le 28 février. Connue pour son intransigeance, l’association a milité pour la mise en place de cet outil, a participé aux groupes de travail (ainsi qu’à ceux devant donner naissance à l’indice de durabilité en 2024). En bref, avec cet indice pensé pour contribuer à allonger la durée de vie des produits, l’association qui se fixe justement cet objectif « par tous les moyens » est dans son élément.

 

Un indice compris et utilisé par les consommateurs

C’est le premier enseignement de ce rapport intitulé « Un an après sa mise en application, quel premier bilan tirer de l’indice de réparabilité ? ». HOP a interrogé des consommateurs (un questionnaire a été transmis à un panel représentatif de 1200 personnes) et il s’avère qu’une majorité (55%) ont entendu parler de l’indice de réparabilité. En outre 76% des consommateurs qui ont acheté un produit soumis à cet indice déclarent que cette information leur a été utile et les a aidés dans leur choix. HOP a complété ce sondage par la réalisation d’entretiens avec des acteurs de la réparation.
Quant à l’affichage de l’indice, l’association n’a pas mené de campagne de vérification ou de relevé d’étiquetage. Pour constater que « le déploiement actuel de l’indice est caractérisé par de grandes différences entre les cinq catégories de produits » (par exemple, il serait plus visible pour les smartphones que pour les ordinateurs portables), elle s’est basée sur les retours des consommateurs et leur ressenti. En somme : ont-ils vu l’indice lors de leur achat ou non.

En outre, si les consommateurs ont une connaissance inégale de l’indice et ne connaissent pas toujours ses détails, ils ne sont pas les seuls. Certains fabricants ou distributeurs (notamment de petites structures) ont une connaissance plus superficielle de cet outil. « Les acteurs industriels eux-mêmes ne sont pas forcément assez sensibilisés, informés et formés à cet indice pour pouvoir bien l’appliquer » explique Laetitia Vasseur, déléguée générale et cofondatrice de HOP.

Pour vérifier si l'indice fourni par les marques est fiable, HOP a procédé à une contre-vérification sur 6 produits. 5 de ces produits ont un indice surévalué d'après l'association. À noter que les lave-linge n'ont pas été soumis à ce test.

Un outil vérifiable, « fiable et sincère » ?

Enfin, l’association a souhaité vérifier « la fiabilité des notes, mais aussi la robustesse et la clarté de la grille de calcul ». Dans la mesure où les notes sont calculées par les fabricants eux-mêmes (comme dans le cas de l’étiquette énergie d’ailleurs), l’idée était de vérifier si la grille de calcul est sujette à interprétations ou si elle fournit des résultats objectifs.
Pour cela HOP a sélectionné 6 produits de marques différentes et reproduit les calculs. Déception de notre côté : sur les 6 appareils, on trouve trois smartphones, deux ordinateurs portables et un téléviseur mais pas de lave-linge.
Selon les conclusions de HOP, dans le cas de 5 produits sur 6, l’indice de réparabilité est surévalué d’environ 15%. Ce qui signifie que certains points sont sujets à interprétation et méritent d’être clarifiés – notamment la disponibilité des pièces détachées nécessaires à la réparation. Au contraire, sur le sujet de la démontabilité, l’association a estimé que les marques « jouaient le jeu ». À l’issue de son enquête, HOP a fait des signalements auprès de la DGCCRF, appelant d’ailleurs à la mise en place de contrôles stricts (qui pour rappel étaient prévus à partir de 2022).


Un indice un peu trop généreux selon HOP

Dans son rapport, HOP déclare que les produits ayant un indice de réparabilité bas ou très bas demeurent rares, signe que les appareils sont facilement réparables ou que la grille n’est pas assez stricte. HOP cite justement ici l’exemple des tondeuses à gazon et des lave-linge qui obtiennent pour la plupart d’excellents scores. Pour réellement inciter les fabricants à faire des efforts afin de concevoir des appareils réparables, il faudrait que l’indice soit plus strict selon l’association.
L’une des pistes suggérées pour rendre l’indice plus ambitieux consiste à appliquer des pondérations sur les critères (les sous-notes qui constituent la note finale). En effet, dans le système de notation actuel, un appareil qui obtient une mauvaise note à des critères tels que la démontabilité, la disponibilité ou le prix des pièces détachées peut se rattraper sur d’autres sous-notes alors que selon HOP cela peut rendre la réparation impossible. Sur ce point, l’association rejoint les remarques émises par UFC Que Choisir dans son propre rapport. HOP cite des exemples concrets de smartphones ayant obtenu de bons indices alors que l’assemblage des pièces (collage ou soudure) rendait certaines pannes insolubles.

Si les points perfectibles sont mis en lumière dans le but d’améliorer l'indice de réparabilité, HOP, par la voix de sa co-fondatrice et directrice Générale, Laetitia Vasseur, tient à rappeler de manière claire : « nous sommes convaincus de la pertinence de l’indice pour lutter contre la culture du tout jetable ». Elle estime également que « cet indice s’attaque aux bons problèmes ». En outre, dans son rapport, l’association souligne que les premiers effets sont déjà visibles, certains fabricants ayant fait évoluer leurs pratiques, notamment en facilitant l’accès aux documents permettant la réparation.

Les recommandations de HOP pour améliorer l’indice

Partant du principe que l’indice est un bon outil qui mérite des améliorations, HOP émet un certain nombre de recommandations à destination des pouvoirs publics.
- En premier lieu, l’association réclame des contrôles stricts à la fois de l’affichage mais aussi du calcul de l’indice.
- Sensibiliser les consommateurs, les producteurs et les distributeurs pour favoriser la diffusion de l’indice et maximiser son impact, via différents canaux. HOP a identifié la télévision comme étant le canal le plus impactant pour faire connaître l’indice à un public plus large.
- Que l’attribution de points doive être justifiée sur certains critères comme la durée et les modalités de disponibilité des pièces détachées (pour faciliter la compréhension de l’indice et les contrôles).
- La prise en compte de nouveaux sous-critères (favorables ou défavorables) comme la disponibilité de tutoriels vidéo parmi les documents accessibles, d’éventuels blocages logiciels (pas considérés actuellement) ou la pratique de « pairing » des pièces détachées qui devrait pénaliser un appareil.
- Pour plus de transparence, que la grille de calcul détaillée soit accessible. HOP soumet l’idée de créer un site accessible au public, répertoriant les indices et les grilles de calcul de tous les produits.
- Que certaines modalités de calcul soient clarifiées pour ne pas laisser place à l’interprétation. Parmi les critères concernés : l’accès à la documentation et les prix des pièces détachées.
- Enfin, dans son rapport (en pages 47 et 48), HOP propose quatre systèmes de notation alternatifs. Parmi les pistes explorées : la pondération des notes et l’assignation de critères limitants. Certains doivent clairement avoir plus de poids selon l’association (la démontabilité, le prix et la disponibilité des pièces détachées).

Le rapport est disponible sur le site HOP mais en anglais uniquement. L'association a toutefois rédigé une synthèse en français.

Un rapport améliorable sur certains points

Si le rapport de HOP fournit des perspectives intéressantes, il nous a un peu laissés sur notre faim sous certains aspects.
D’abord, par l’absence de lave-linge dans le panel d’appareils passés à la loupe. Quand 5 familles de produits sont pour l’instant soumis à un indice, HOP a choisi 6 références en faisant l’impasse sur l’électroménager. Alors que 97% des foyers sont équipés d’un lave-linge (selon les chiffres Gifam/Kantar), nous trouvons cela dommage.

Autre regret : le rapport complet détaillé n’est disponible qu’en anglais. Seuls le dossier de presse et la synthèse du rapport sont accessibles dans la langue de Molière – fort dommage pour un indice pour l’instant 100% français. HOP le justifie par le fort intérêt que l’Europe porte à cet outil (qui pourrait être étendu à toute l’Union Européenne), voulant donc faciliter l’accès de ce rapport à un large public. Revers de la médaille : cela en prive les premiers concernés, à savoir tous les réparateurs français et petits distributeurs qui ne parleraient pas l’anglais. Ainsi que ceux qui n’auraient simplement pas le courage de se plonger dans les quelque 65 pages de ce document assez technique écrit en anglais.
Dernière surprise de notre côté – totalement indépendante de HOP en l’occurrence : nous avons sans doute péché par naïveté en pensant qu’il pourrait être assez facile de rendre obligatoire l’affichage de la grille de notation détaillée, sachant que les fabricants sont obligés de la remplir pour calculer l’indice de réparabilité de leurs produits. Or, Laetitia Vasseur nous a expliqué qu’il faudrait possiblement attendre 2024 pour cela, au moment de la publication des textes détaillant les modalités de calcul de l’indice de durabilité. Une date qui nous semble particulièrement lointaine. En revanche, Laetitia Vasseur précise que pour les nouveaux produits qui bénéficieront d’un indice de réparabilité dans le courant de l’année 2022 (les aspirateurs, lave-vaisselle, lave-linge top et nettoyeurs haute-pression), les textes étant en cours de rédaction, ils pourront éventuellement tenir compte des recommandations émises par HOP dans son rapport.

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