Viva Technology : la transformation digitale en marche

Viva Technology : la transformation digitale en marche

le 20 juin 2017
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45 000 visiteurs en 2016, 68 000 en 2017. Pour sa deuxième édition, Viva Technology, le « rendez-vous mondial de ceux qui inventent le monde de demain » qui vient de se tenir à Paris du 15 au 17 juin a explosé ses prévisions. L’évènement s’impose comme la vitrine de l’innovation, des nouvelles technologies et de l’esprit d’entreprise qui manquait en France et en Europe. Tout reste à faire…

 

Eric Shorjian

 

Réunissez des milliers de startups et d’entrepreneurs français et étrangers, ajoutez-y de grandes entreprises du CAC 40, de grands chefs d’entreprises internationaux, des investisseurs, des chercheurs, une foule de jeunes issus de grandes écoles et universités… Remuez bien le tout et vous aurez une idée de la dynamique de l’ambiance qui régnait à la Porte de Versailles durant 3 jours. Pour ceux qui ont l’habitude de parcourir les allées de salons professionnels classiques, Viva Technology est un ovni. En ce sens que, n’étant pas une manifestation sectorielle mais un événement généraliste dédié à l’innovation, aux nouvelles technologies et à la transformation digitale, il touche énormément de domaines : santé, transports, industrie, commerce, finance…

L’objectif initial de Viva Technology, initié et coorganisé par Publicis et Les Echos, c’est de développer les liens entre les startups, les grandes entreprises et les investisseurs. C’est aussi, d’être un révélateur de la force de l’écosystème français à l’international. Environ 450 rendez-vous one-to-one entre les startups et des investisseurs du monde entier ont été organisé cette année. Plus de 70 fonds étaient présents dont 60% de fonds étrangers.

 

 

Lors de cette seconde édition, 20 Labs portés par de grandes entreprises telles que Carrefour, Orange, BNP Paribas, La Poste, EDF, TF1, LVMH ont accueilli plus de 1 000 startups. Pour celles-ci, collaborer avec les grandes entreprises permet de pouvoir bénéficier de l’expertise et de la puissance de ceux-ci. Pour les groupes, travailler avec les startups, est une solution pour s’adapter à l’évolution numérique avec plus de vitesse. Avec le digital et le mobile, l’expérience client se transforme. Du coup, les grands groupes recherchent des compétences dans ces domaines. « L’open innovation est une bonne solution pour lancer de nouveaux services », a déclaré Jean-Laurent Bonnafé, Pdg de BNP Paribas, à l’occasion d’une des nombreuses conférences. Le modèle « gagnant-gagnant » entre les startups et les grandes compagnies est jugé très important pour la banque, notamment au niveau des nouveaux services de paiements mobiles.  Autre exemple, celui de La Poste, qui a développé avec une startup, le service Talk to Pay, une solution de paiement sur mobile qui authentifie l’utilisateur par son empreinte biométrique vocale, ce qui s’avère plus sûr, paraît-il, que les systèmes traditionnels par codes.

Sur le pôle Retail avec Carrefour, était présenté un robot livreur urbain. Développé par Starship Technologies, une société crée par des anciens de Skype, ce robot peut grâce à ses six roues, se déplacer dans un rayon de 5 km et livrer des colis jusqu’à 18 kg. Il est actuellement testé en grandeur réelle à Londres. Autre exemple : SmartPixel est un système de projection vidéo qui permet d’appliquer des coloris différents sur un objet. Demain, le consommateur pourra ainsi choisir la teinte exacte de sa prochaine paire de baskets en magasin ou pourquoi pas celle de sa prochaine voiture en concession.

 

L’intelligence artificielle au service du commerce

Au premier rang des nouvelles technologies présentes sur Viva Technology : l’intelligence artificielle. C’est enfoncer des portes ouvertes que de dire que celle-ci va prendre une importance considérable dans tous les secteurs de l’économie du futur. Aujourd’hui, les entreprises disposent de masses énormes de données (Big Data) mais ne les exploitent pas de manière optimisée. Et avec le développement de l’Internet des Objets, c’est un déluge de données collectées en temps réel qu’il s’agit de traiter. D’où la nécessité de recourir à l’Intelligence Artificielle et au Deep Learning.

 

 

Spécialiste en la matière, IBM était présent sur Viva Technology et proposait de nombreuses expériences et démos sur des cas d’usages de Watson (Learning Chatbot, Virtual Agent, Email Analyzer…). Comme le résumait un des intervenants sur une des conférences, « l’Intelligence Artificielle aide à savoir et comprendre ce qui se passe et nous aide à prédire ce qui va se passer ». Du coup, les start-ups en pointe sur le sujet sont très convoitées. La société DeepMind vient de se faire racheter par Google, très actif dans le domaine (24 acquisitions réalisées dans le secteur depuis 2010). Le constructeur automobile Ford vient de payer un milliard de dollars pour la startup Argo Ai, en vue d’accélérer dans la voiture autonome. Le canadien Element AI, qui veut se poser comme une alternative aux Gafa, vient de lever plus de 100 millions d’euros. Sur Viva Technology, la startup française Heuritech qui a remporté la première édition du LVMH Innovation Award parmi 32 prétendants développe un logiciel de « deep learning » capable de faire le lien entre les réseaux sociaux et les e-commerçants des secteurs du luxe, de la beauté et de la mode. Son logiciel permet de déceler les tendances sur les réseaux sociaux, sur Instagram notamment, et d’indiquer aux e-commerçants les produits à mettre en avant sur leurs catalogues. Bienvenue dans l’ère du commerce prédictif…

 

Las Vegas sur Seine

Comment ne pas faire le parallèle entre Viva Technology et Emmanuel Macron : quasi inconnu du public au printemps 2016, en pleine lumière un an après… Le nouveau président, venu inaugurer la manifestation le vendredi 15 juin, ne cachait pas son plaisir au milieu de la foule et sur les stands. Prenant ici et là des nouvelles de la croissance de certaines startups françaises connues lors de sa période French Tech et dans les allées de l’Eureka Park à Las Vegas. "Je veux que vous fassiez de VivaTech le nouveau CES, leur a-t-il d’ailleurs déclaré dans son discours sur l’Innovation et le Numérique. Notre système en Europe a été pensé après-guerre pour une économie de rattrapage industriel. Aujourd’hui nous sommes entrés une économie de l’hyper innovation, où les cycles sont plus courts, où l’échelle est mondiale. La France est en train de devenir la nation des startups et elle doit réussir ce pari. Je veux que nous donnions une place à l'expérimentation dans notre pays", a-t-il ajouté. Désireux de numériser l'ensemble des procédures de l’Etat d'ici 2022, il a annoncé officiellement le fonds de 10 milliards d'euros de soutien à l'innovation promis lors de sa campagne. 

Les représentant des géants américains de la Tech présents à Viva Technology se sont également exprimés dans ce sens. Pour John Chambers, patron de Cisco, « la France va devenir la capitale européenne des startups ». « Nous sommes à l'aube d'une ère technologique majeure", a déclaré, de son côté, Eric Schmidt, président exécutif d'Alphabet, (holding de Google), lors de sa conférence. Bientôt je pourrais vous parler en anglais à travers le téléphone et vous me comprendrez en français ». Sur le salon, Facebook, dont le laboratoire d’intelligence artificielle est basé à Paris, organisait notamment des sessions de formation à ses outils. Même le chinois Alibaba avait son stand cette année. Marketplace, cloud, media, contenus… Alibaba est un géant dans de multiples secteurs. « Alibaba, c’est l’addition d’Amazon, Ebay, Youtube, Twitter et Paypal, résumait Daniel Zhan, le Pdg de ce site qui enregistre 175 000 transactions par minute et compte aujourd’hui plus de 443 millions d’utilisateurs actifs. Alibaba, dont la croissance passe également par un développement international, devrait représenter l’équivalent du PIB de la France en 2020.

 

Réalité virtuelle & robotique n’en sont encore qu’aux débuts de leur histoire

Lancée commercialement depuis 2016 au niveau du grand public (Playstation VR, Samsung Gear VR, HTC Vive, Occulus Rift), la réalité virtuelle n’en est encore qu’à ses débuts. Aujourd’hui, les équipements sont encore lourds et chers, mais demain ils seront plus petits, légers, voire sans fil, comme l’expliquait sur place un responsable de chez HTC. Sur Viva Technology, des applications autres que le gaming ont démontré tout le potentiel que peut avoir la réalité virtuelle dans le domaine du B2B, notamment en terme de formation.  Le samedi, lors de la journée grand public, tous les visiteurs ont pu tester ces équipements. Ils ont également pu faire un tour en Navya, la navette électrique sans chauffeur, découvrir SeaBubbles, le taxi volant sur l’eau qui va révolutionner le transport fluvial dans les villes, faire voler des drones sur l’hippodrome de Longchamp en les pilotant de la Porte de Versailles, mais aussi expérimenter les relations humains/machines avec différents types de robots. Car la famille des robots de compagnie et de service se développe. Là, aussi, on a vraiment le sentiment que nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Sur Viva Tech, on pouvait croiser Pepper, que l’on voit de plus en plus sur le terrain (chez Darty, Lick, Renault), mais aussi Buddy dont le lancement commercial est prévu pour la fin d’année, ou encore Waldo et le robot barman de Realtime Robotics, spécialiste en préparation de cocktails.

 

 

Lorsque les grands groupes français, emboitant le pas à la French Tech, se sont invités aux CES de Las Vegas, on a pu penser que cela relevait davantage de la posture Marketing. Aujourd’hui, Viva Technology démontre tout le potentiel énorme qu’il y a pour le pays à développer l’innovation ouverte, le partenariat entre les différentes tailles d’entreprises et les différentes générations. L’engouement des Millenials pour l’entrepreunariat a montré la pertinence de l’évènement.

La différence de taille avec le salon de Las Vegas, que fréquentent régulièrement certains de nos lecteurs, est que le CES est historiquement un salon américain d’innovations destinées aux marchés B2C. Viva Technology prend une voie différente, celle d’un ancrage plus européen, et plus orienté sur le potentiel de l’innovation sur les marchés B2B aussi. Pour cette deuxième édition, ce salon a confirmé le bien-fondé de son existence. Il doit maintenant passer à la vitesse supérieure afin que se pérennise enfin en France un événement capable de jouer dans la cour des grands rendez-vous de l’innovation américains, allemands ou asiatiques. On attend déjà avec impatience ce que sera la prochaine édition en 2018.

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